Mes Rendez-Vous Québec Cinéma (RVQC) 2023
Mes Rendez-Vous Québec Cinéma (RVQC) 2023
D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 25-02 : www.societascriticus.com
Michel Handfield, M.Sc. sociologie (2023-03-12)
Après deux ans d’écriture sociopolitique, ça me fait du bien de revenir à la culture même si j’en ai fait un peu pendant ce temps. Alors, les Rendez-vous marquent mon retour officiel à la chronique culturelle. Une belle entrée, car j’y ai vu des films à caractère social, politique, psychologique et humoristique par exemple. Voici donc les films que j’ai vus et sur lesquels j’ai écrit :
À part les deux premiers qui sont dans notre section sociopolitique pour des raisons évidentes…
Tous les autres sont ici, dans notre section culturelle. En voici la liste :
Individualisme et asocialisation (1) : deux films, deux angles. « Respire » et « Tu te souviendras de moi ».
Societas Criticus, revue de critique sociale et politique, Vol. 25-02, Essai : www.societascriticus.com
Michel Handfield, M.Sc. sociologie (2023-03-10)
Deux films m'ont particulièrement frappé au Rendez-Vous Québec Cinéma (RVQC) et expliquent les problèmes sociaux actuels sous deux angles différents.
L'un, « Respire », par une plongée dans un milieu socioéconomiquement défavorisé et l'autre, « Tu te souviendras de moi », par les réflexions d'un vieux professeur d'histoire qui souffre d'Alzheimer.
Dans les deux cas, on peut voir une perte du contact social aux autres : l’asocialisation ! Chacun est de plus en plus dans sa bulle, avec son téléphone et sur ses réseaux sociaux, en perte de contact avec ce qui l'entoure. Comme pour l'Alzheimer ! Sans plus tarder, voici donc ces deux textes.
Note
Le mot asocial est dans les dictionnaires. Asocialisation m’apparaît beaucoup plus rare, mais je trouvais que c’était le mot qui convenait ici. Je l’ai néanmoins trouvé dans un dictionnaire en ligne pour écrire l’esprit libre : https://www.cordial.fr/dictionnaire/definition/asocialisation.php
Respire (RVQC)
D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 25-02 : www.societascriticus.com
2022 / Fiction / 90 min / Québec / français
SYNOPSIS
Fouad est un jeune immigrant marocain de 15 ans, qui rêve de devenir joueur de soccer. Son père, Atif, travaille dans un restaurant du quartier, en attendant de trouver un emploi à la hauteur de ses compétences d’ingénieur. Fouad fréquente une école secondaire où il a de la difficulté à faire sa place et subit de l’intimidation. Max, 27 ans, est ce qu’on peut appeler un Québécois « de souche ». Il habite le même quartier populaire que Fouad et vit dans le sous-sol de son père, Gilles. Malgré ses efforts, il peine à maintenir une relation amoureuse et un emploi décent. Les deux jeunes hommes vivent une existence humiliante, pleine de frustration, qui les pousse insidieusement vers la violence. Leur destin les mènera l’un face à l’autre, dans une situation dont personne ne sortira indemne.
RÉALISATION ONUR KARAMAN
Né en Turquie, Onur Karaman séjourne tout jeune en Algérie puis retourne dans son pays natal. Il s’installe au Québec avec sa famille à l’âge de huit ans. Très impliqué dans les sports durant son adolescence, il se découvre au début de l’âge adulte une passion pour l’écriture et le cinéma et il décide de retourner à l’école. Après avoir réalisé plusieurs courts métrages, il signe les longs métrages LA FERME DES HUMAINS, suivi de LÀ OÙ ATILLA PASSE et LE COUPABLE. RESPIRE est son quatrième et plus récent long métrage qu’il complète à titre de réalisateur, scénariste et producteur. Il est actuellement en postproduction pour son premier film d’horreur en anglais intitulé EMPTINESS.
INTERPRÉTATION
AMEDAMINE OUERGHI, FRÉDÉRIC LEMAY
ÉQUIPE
Production : UGO MEDIA
Distribution : K-FILMS AMÉRIQUE
https://rendez-vous.quebeccinema.ca/films/respire
Commentaires de Michel Handfield, M.Sc. sociologie (2023-03-10)
D’abord, un échange entre Max et sa mère, que l’on voit peu dans ce film, car il m’apparaît être un regard important sur notre époque :
Mère : je voulais changer le monde et j’ai écrit des livres pour inspirer les générations à venir.
Max : Ça ne sert à rien les livres. Ceux qui vont les lire pensent déjà comme toi. Les autres ne les liront pas.
Bref, les livres, comme les médias, sont maintenant intégrés aux chambres d’écho des réseaux sociaux, car on choisit ses médias et ses lectures en fonctions de nos réseaux d’appartenances. Les mêmes discours se copient, se citent et se partagent d’une plateforme à l’autre, que ce soit l’internet, la TV, la radio, les journaux et même les livres qui viendront renforcer et crédibiliser les messages précédents.
C’est comme s’il n’y avait plus d’espace de dialogue commun dans l’espace public, ce qui était un facteur de changement, mais que chacun pouvait rester dans son réseau sans jamais entrer en contact véritable avec ceux qui en sont à l’extérieur. Chacun peut donc se renforcer dans ses idées, si noires soient-elles. D’ailleurs, on peut être en transport en commun sans jamais échanger avec ses semblables, mais communiquer avec des groupes extrémistes d’ici ou d’ailleurs sur notre cellulaire tout en restant à l’abri des regards, de toutes questions et de tous dialogues avec nos semblables. D’ailleurs, quand arrive un drame familial ou un acte de violence dans l’espace public, personne n’a jamais rien vu venir; ni voisins ni familles. Nous sommes de plus en plus des individus connectés en réseau, mais de plus en plus déconnectés de la société, de notre milieu, de nos voisins et de nos familles. (1) Des étrangers ou des électrons libres qui se reconnaissent de moins en moins, même s’ils sont voisins ou parents.
Mais, revenons aux bases de ce film. Max travaille dans un centre d’appel. On y dit qu’on ne vend pas des produits dont le client n’a pas besoin, mais des produits dont le client ne sait pas qu’il a besoin ! En langage de la rue – et du film, qui est très collé à la réalité – c’est une belle crosse.
On peut aussi voir toute la question du racisme dans ce film, mais aussi le problème de la concurrence pour la rareté des ressources. Peu d’emplois de qualité, pauvreté du milieu (tissu social) et des services de proximité (un seul restaurant), ce qui fait que chacun, blancs comme racisés, qui sont pourtant des voisins et pas vraiment plus riches les uns que les autres, luttent souvent entre eux pour avoir de l’espace de qualité et un peu plus de ressources.
Dans ce milieu coincé, le franchiseur augmente les prix en disant qu’ils n’ont pas d’autre place à aller même si le gérant de la place (Atiff) trouve que c’est de l’abus, car ils ne sont pas riches. Alors, il lui dit en substance ces mots :
Mais, si on ne peut en tirer davantage, Atiff, préférerais-tu que je diminue ton salaire?
Tout le drame partira de là : une hausse de prix qui provoquera un excès de colère et une cascade incontrôlée s’en suivra. Ce n’est pas nécessairement la véritable cause (nous y reviendrons plus loin), mais ce sera la goutte de trop qui fera tout partir en vrille.
C’est que, d’un côté, le capitalisme sauvage et l’individualisme marchent main dans la main pour écraser ceux dont ils croient ne pas avoir besoin, ce qui me fait penser à ce passage de Malthus :
« Un homme qui naît dans un monde déjà occupé, s’il ne peut obtenir des moyens d’existence de ses parents auxquels il peut justement les demander, et si la société ne peut utiliser son travail, cet homme n’a pas le moindre droit à la plus petite portion de nourriture, et en réalité il est de trop sur la terre. Au grand banquet de la nature, il n’y a pas de couvert mis pour lui; la nature lui commande de s’en aller, et elle ne tarde pas à mettre cet ordre elle-même à exécution. » (2)
De l’autre, si certains plient, d’autres se révoltent. Mais, faute d’éducation et de connaissances, plusieurs s’en prennent à leurs semblables plutôt que de se regrouper et de travailler à changer les choses. C’est toute la différence entre l’action communautaire et syndicale d’une part et le racisme individuel et la violence gratuite pour régler soi-même ses comptes d’autre part.
Mais, cette violence, fait-elle l’affaire des forces politiques et économiques, même s’ils jurent que non? Voilà la question qui crève l’écran selon moi, car cette violence justifie la répression. Et les gens se tiennent alors tranquilles et ne revendiquent pas de changements.
Si elle ne faisait pas l’affaire du Pouvoir, il me semble qu’on favoriserait la rétention des élèves à l’école et la poursuite des études le plus longtemps possible; l’éducation politique et économique; le syndicalisme; l’éducation des adultes et populaire; la redistribution, par des mécanismes comme l’impôt; et l’investissement social au lieu de favoriser des baisses d’impôts qui ne favorisent vraiment que les plus nantis. Les autres ont une illusion d’en avoir plus, car ils perdent des services.
On trouverait aussi un équilibre entre l’éducation utilitariste et axée vers le travail (3), qui prend de plus en plus de place dans notre système scolaire public au détriment de connaissances générales et humanistes, qui favorisent l’exercice de la citoyenneté, et une éducation équilibrée qui soutient l’élève en difficulté et donne des chances aux plus doués même dans le système public. Ce n’est pas le cas aujourd’hui, le système public orientant davantage ses élèves vers les métiers et techniques alors que ceux dont les parents peuvent les envoyer dans un programme enrichi ou au privé ont davantage de chance d’aller vers les programmes universitaires que les autres. (4) La discrimination se fait maintenant dès l’école, ce qui a de graves conséquences par la suite :
« Les enfants québécois sont systématiquement privés d’un nombre abusivement important d’outils qui leur permettraient un jour de jouer pleinement leur rôle de citoyens. Ce faisant, on réduit leur rôle à leur productivité en les cantonnant à celui de consommateurs. » (5)
Ce qu’on voit comme de la discrimination est malheureusement trop souvent une conséquence de politiques sociales et économiques qui mettent en concurrence des citoyens pour l’obtention de ressources raréfiées. On les fait se battre les uns contre les autres pour obtenir ou conserver un travail qui leur assure à peine leur subsistance. De quoi péter les plombs et voir les autres comme des concurrents ou des prédateurs menaçant le peu qu’ils ont; certainement pas comme des partenaires et des alliés pour changer les choses. De toute façon, quand on est en mode survie, on intellectualise difficilement ces choses-là. On est plutôt dans la lutte pour s’en sortir et on broie du noir.
Par contre, je ne dis pas que le racisme n’existe pas. Ainsi, Atiff, à qui on trouve toutes sortes de raisons pour ne pas l’engager comme ingénieur, est une vraie victime de racisme systémique. Le cousin de Max est raciste par manque d’éducation, je crois, ce qui est dangereux, car il peut entraîner les autres dans son délire. C’est d’ailleurs ce qui arrive avec Max, sous la pression de ses déboires économiques et de l’influence de son cousin, car avant de se tenir avec lui, il fréquentait ce restaurant et ne voyait pas ces gens d’une autre origine comme une menace. Cette violence ne serait jamais arrivée sans toute cette frustration accumulée et la toxicité de son cousin. D’ailleurs, une autre fin aurait été possible et le cinéaste nous la fait voir, car Max repasse le fil de sa vie...
En conclusion je laisse les dernières lignes au réalisateur qui nous a dit, en substance, qu’il a fait ce film parce qu’il croit que l’humain est fondamentalement bon. Et, effectivement, dans l’ensemble, je trouve que ce film a un côté rousseauiste : L'homme naît bon, c'est la société qui le corrompt. (6) Dans un milieu plus avantagé, ce drame ne serait effectivement pas arrivé. Un diagnostic de notre système est plus que nécessaire, mais un gouvernement de gestionnaires et de comptables qui refuse de voir ne serait-ce que l’ombre du racisme systémique, de la discrimination, des inégalités socio-économiques et du peu de soutient à la culture générale et aux humanités (7), ne le fera pas.
Notes
1. À ce sujet, je renvoie aussi le lecteur à mon texte Tu te souviendras de moi, un autre film vu au RVCQ, qui suit ce texte.
2. Malthus, 1803, Essai sur le principe de la population, cité par Bernard, Michel, 1997, L'utopie néolibérale, Québec : L'aut'Journal et Chaire d'études socio-économiques de l'UQAM, p. 55
3. Christian Laval, L'École saisie par l'utilitarisme, Cités, 2002/2 (n° 10), pages 63 à 74 : https://www.cairn.info/revue-cites-2002-2-page-63.htm
4. « Les chiffres calculés dans l'étude sont les suivants : 60 % des jeunes des écoles privées vont à l'université, contre 51 % de ceux des écoles publiques de type enrichi - avec des programmes renforcés en mathématiques, en sciences ou en langues, comme dans une école dite « internationale » - et 15 % de ceux en provenance des écoles publiques régulières. Un élève sur deux du public régulier arrête ses études au terme du cycle secondaire. » STÉPHANIE MARIN, La Presse Canadienne (Montréal), Peu d'élèves issus de l'école publique régulière vont à l'université, lapresse.ca, 25 mars 2019 :
5. Robert Poupart et Jean Gadbois, Alerte à la complaisance organisée et à la négligence scolaire, Le Devoir / IDÉES, 31 DÉCEMBRE 2022 ET 1ER JANVIER 2023 : https://www.ledevoir.com/opinion/idees/776346/education-alerte-a-la-complaisance-organisee-et-a-la-negligence-scolaire
Le premier est professeur universitaire retraité, ex-principal et vice-chancelier de l’Université Bishops, ex-président pour le Québec et vice-président senior pour le Canada d’Electronic Data Systems (EDS). Le second est professeur retraité de philosophie au collégial (cégep Ahuntsic, collège Jean-de-Brébeuf) et d’éthique et culture religieuse au secondaire au collège Mont-Saint-Louis de Montréal.
6. On retrouve ce thème dans l’œuvre de Rousseau, notamment dans Le discours sur les sciences et les arts, mais je n’ai jamais trouvé la citation exactement comme rapportée en faisant une recherche par mots clés, car j’ai quelques livres de ce philosophe en format PDF.
7. LÉA CARRIER, Éducation. Plaidoyer pour les sciences « molles », LA PRESSE, 5 mars 2023 : https://www.lapresse.ca/contexte/2023-03-05/education/plaidoyer-pour-les-sciences-molles.php
TU TE SOUVIENDRAS DE MOI (RVQC)
D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 25-02 : www.societascriticus.com
2020 / Fiction / 108 min / Québec / français
SYNOPSIS
Édouard, personnalité publique et professeur d’histoire à la retraite, commence à perdre la mémoire. Habitué qu’il est à s’exprimer sur toutes les tribunes, il doit se faire plus discret même s’il estime avoir encore beaucoup de choses à dire. Aussi, puisque personne de son entourage n’est en mesure de veiller sur lui, il est placé sous la garde de Bérénice, une jeune fille un peu rebelle et perdue. Leur rencontre amènera Édouard à revisiter un passage de son histoire personnelle qu’il avait choisi d’oublier, et Bérénice, à trouver un sens à sa vie.
RÉALISATION : ERIC TESSIER
Eric Tessier est un réalisateur et scénariste québécois. Il est surtout connu pour les films TU TE SOUVIENDRAS DE MOI (2020), 5150 RUE DES ORMES (2009), LES PEE-WEE 3D : L’HIVER QUI A CHANGÉ MA VIE (2012) et sa suite JUNIOR MAJEUR (2017). Il a également réalisé plusieurs séries télé, telles que FUGUEUSE 1 et 2, POUR SARAH et plus récemment, HÔTEL.
INTERPRÉTATION
RÉMY GIRARD, JULIE LE BRETON, KARELLE TREMBLAY, FRANCE CASTEL, DAVID BOUTIN
ÉQUIPE
Production : CHRISTAL FILMS PRODUCTIONS INC.
Distribution : LES FILMS OPALE
Scénario : ERIC TESSIER et FRANÇOIS ARCHAMBAULT
Direction de la photographie : PIERRE GILL
https://rendez-vous.quebeccinema.ca/films/tu-te-souviendras-de-moi
Commentaires de Michel Handfield, M.Sc. sociologie (2023-03-10)
Édouard, professeur d’histoire à la retraite, qui est conscient qu’il a l’Alzheimer est attachant et touchant à suivre dans ce film qui balance entre des moments de lumière et de tristesse, toujours avec juste ce qu’il faut d’humour pour avoir un bon équilibre. Mais, sa femme n’est plus capable et le laisse chez sa fille. Ce sera finalement, après quelques péripéties et qui-propos, Bérénice, la belle-fille de sa fille, qui s’en occupera. Et se développera une relation particulière entre les deux.
Il est encore capable de réflexions intéressantes, notamment sur le fait que les gens sont maintenant tournés vers leurs sensations, ce qui manque de profondeur. Pour lui, on assiste à la dégradation du monde réel, les gens vivant le regard fixé sur l’écran de leur cellulaire !
Il compare d’ailleurs sa maladie à la société accrochée à ses écrans, car on vit continuellement le temps présent, chaque évènement étant chassé par le suivant. On n’a plus de profondeur, plus de mémoire, comme si ce qui était arrivé il y a une heure était déjà disparu, remplacé par un nouveau billet internet ou une nouvelle information sur un réseau de nouvelles continues. N’est réel que l’instant présent. Ce qui s’est passé en avant-midi est déjà du vieux stock que l’on a oublié au 5 à 7 ! On est collectivement dans la discontinuité permanente.
J’ai aussi vu dans ce film un clin d’œil à Denys Arcand, avec Rémy Girard y reprenant le rôle d’un professeur d’histoire. Aussi, toute l’importance de la bibliothèque en arrière-plan et les liens qu’il fait entre le passé et le présent pour nous rappeler qu’on n’est pas le peuple qui connaît le mieux son histoire ni l’histoire du monde. Cela me rappelle des scènes des Invasions barbares. (1) Qui ne se rappelle pas du passé refait les mêmes erreurs et se cherche toujours, comme pour la personne souffrant d’Alzheimer. Il y a là un message pour le Québec.
Quant au titre du film, il vient d’une chanson de Marc Gelinas, Tu te souviendras de moi, que j’ai retrouvé sur iTunes.
Note
1. D’ailleurs, dans mon texte sur Les invasions barbares, je présente mes notes de fin de texte ainsi :
« Une critique de film avec des notes bibliographiques comme un clin d’œil à
Denys Arcand qui promène sa caméra sur la bibliothèque de Rémy pour nous
montrer un titre, un livre, important selon lui. » Michel Handfield, Les invasions barbares, 21 mai, 2003, in Societas Criticus, Vol. 5 no 2 (Hiver 2003), pp. 138-142. En ligne...
À BAC : https://epe.lac-bac.gc.ca/100/201/300/societas_criticus/pdf/
Et à BAnQ : http://collections.banq.qc.ca/ark:/52327/61248
D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 25-02 : www.societascriticus.com
2022 / Fiction / 106 min / Québec / français
SYNOPSIS
Noémie, une adolescente impétueuse de 15 ans, vit dans un centre jeunesse depuis trois ans. Lorsqu’elle perd tout espoir d’être reprise par sa mère, Noémie fugue du centre en quête de repères et de liberté. Elle va rejoindre son amie Léa, une ancienne du centre, qui l’introduit dans une bande de délinquants. Bientôt, elle tombe amoureuse du flamboyant Zach, qui s’avère être un proxénète. Fin stratège aux sentiments amoureux ambigus, Zach incite Noémie à se prostituer. Récalcitrante au départ, Noémie dit oui.
RÉALISATION GENEVIÈVE ALBERT
Après des études en cinéma à Montréal, Geneviève Albert se tourne d’abord vers la réalisation documentaire et la prise de son. En 2008, elle réalise un premier court métrage de fiction, REVIENS-TU CE SOIR ?, suivi de LA TRAVERSÉE DU SALON en 2011, qui voyagent en festivals. En 2012, elle s’envole vers Los Angeles pour y interpréter un rôle dans le spectacle Iris du Cirque du Soleil. De retour à Montréal en 2014, elle se consacre de nouveau au cinéma et commence à écrire son premier long métrage de fiction, NOÉMIE DIT OUI, qu’elle réalise en 2021.
INTERPRÉTATION
JAMES-EDWARD METAYER, KELLY DEPEAULT, EMI CHICOINE
ÉQUIPE
LES PRODUCTIONS LETIMOTIV
https://rendez-vous.quebeccinema.ca/films/noemie-dit-oui
Commentaires de Michel Handfield, M.Sc. sociologie (2023-03-12)
Noémie est en centre jeunesse. Elle veut retourner à la maison avec impatience. Mais, en cour de la jeunesse, sa mère, qui a l’air instable et désorganisée, dit ne pas se sentir capable de reprendre sa fille. On peut deviner la dévastation de l’adolescente et la fugue qui s’en vient.
Qui dit fugueuse, dit une proie facile, car elle a besoin de se cacher. Elle contactera une autre de ses amies du centre qui a fugué avant elle et on suivra son entrée dans le groupe, mais aussi sa découverte de la réalité. Tu fais partie du groupe, alors, on peut s’échanger la fille par exemple. Ce n’est pas grave, c’est juste du cul. Puis, comme le grand-prix s’en vient, alors il y a une passe de cash à faire et on a besoin de toi. Viennent alors les belles promesses…
On suit tout ce processus qui conduit de jeunes filles au travail d’escorte et de la prostitution. On voit qui sont ces adultes qui en profitent pour avoir du sexe, soit un peu monsieur Tout-le-Monde; les hôtels ou les blocs d’appartements qui peuvent louer des chambres ou des appartements pour le week-end du grand-prix; les sites de petites annonces sur l’internet; le tourisme international - et sexuel – qu’on attire à cette occasion, car Montréal a toujours été reconnu pour être une ville ouverte (1).
Bref, tout un système en profite pour faire du « cash ». Mais, personne n’en sait rien et n’est coupable. C’est le capitalisme sauvage à sa plus simple expression, pour ne pas dire mis à nu et livré à la prédation ! S’il se dépense de l’argent, ça augmente les retombées économiques et les élites politiques et économiques en sont bien contentes !
Note
1. Un clin d’œil à une série télévisée de Lise Payette, Montréal, ville ouverte, qui parlait du crime organisée à Montréal dans les années 1940 et 1950. (https://fr.wikipedia.org/wiki/Montréal_ville_ouverte)
Victor-Lévy Beaulieu a aussi fait une série sur cette époque, Montréal P.Q., qui tournait « autour du monde de la police, des cabarets montréalais et de la prostitution. » (https://fr.wikipedia.org/wiki/Montréal_P.Q.)
Des liens incestueux existaient d’ailleurs entre la police et le crime organisé à cette époque. À ce sujet :
« En 1945, une Ligue de vigilance sociale, appuyée par l’archevêque de Montréal, monseigneur Joseph Charbonneau, commence à revendiquer la tenue d’une enquête sur la corruption dans le service de police. [Pacifique] Plante commence, à la même époque, à faire pression pour que des poursuites soient intentées de façon sérieuse contre les patrons du crime organisé. »
(…)
« Plante se met alors à publier, dans le quotidien Le Devoir, une série d’articles intitulée Montréal, ville ouverte, dans lesquels il décrit le modus operandi des différents réseaux de bookmakers, de souteneurs et de bootleggers de la ville. Les articles, publiés en feuilleton de novembre 1949 à février 1950, démontrent que tous ces réseaux ne pouvaient exister qu’avec la complicité des autorités. »
Source: https://fr.wikipedia.org/wiki/Pacifique_Plante
D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 25-02 : www.societascriticus.com
2022 / Fiction / 90 min / Québec / LANGUE française
SYNOPSIS
Florence, Hubert et André se sont donné rendez-vous pour une ronde de golf par un bel après-midi d’été. Les deux premiers forment un couple, André est un ami proche et un partenaire d’affaires d’Hubert. On est donc entre intimes, l’heure est à la détente dans une atmosphère de chaleureuse complicité. Arrive alors Michel, un golfeur solitaire au charisme particulier, qui vient secouer la belle harmonie du trio et faire émerger la réalité cachée sous les apparences. Comme tout ce qui se rapporte au golf, LES TRICHEURS est une comédie, par moment absurde et noire sur les bords.
RÉALISATION : LOUIS GODBOUT
Louis Godbout est un scénariste et réalisateur vivant à Montréal. Après une formation en droit, il se consacre à des études de philosophie, matière qu’il enseigne ensuite pendant quinze ans. Poursuivant en parallèle un travail d’écriture qui donne lieu à la publication de quelques essais (Du golf : parcours philosophique, Nietzsche et la probité, Hiérarchies, Le discours du ressentiment), il se tourne éventuellement vers la scénarisation. S’ensuivent CODA, produit par Clinamen Films avec Patrick Stewart et Katie Holmes (janvier 2020), UNE RÉVISION, produit par Cinémaginaire (novembre 2021 : coscénariste), puis sa première réalisation avec MONT FOSTER, produit par Les films Primatice (mars 2020). LES TRICHEURS est son quatrième scénario et son deuxième film.
INTERPRÉTATION
STEVE LAPLANTE, ALEXANDRE GOYETTE, BENOIT GOUIN, CHRISTINE BEAULIEU
ÉQUIPE
Production : LES FILMS PRIMATICE
Distribution : K-FILMS AMÉRIQUE
https://rendez-vous.quebeccinema.ca/films/les-tricheurs
Commentaires de Michel Handfield, M.Sc. sociologie (2023-03-12)
D’abord Hubert, qui semble un roc, pas de doutes, en contrôle, a des idées claires et sait noyer le poisson dans les mots ! J’en ai noté deux exemples :
- La routine pour les vieux, c’est comme la messe pour les chrétiens. Ça les empêche de se désorganiser.
- Il nous faut un individualisme éclairé !
On n’est pas loin non plus du dictateur éclairé quand on l’écoute. Quelqu’un qui sait mieux que nous ce qui est bon pour nous.
D’ailleurs, Hubert a commandé des robots pour donner des soins plus humains aux résidents de leur maison pour les aînés. Ces machines ne tripoteront pas les vieux et ne leur transmettront pas de virus. Les robots sont bien plus fiables que les employés, dit-il.
Florence, la blonde d’Hubert, adepte de yoga, semble zen. Pour elle, les hommes se définissent tous par le triptyque Pouvoir, Violence, Sexe selon des proportions différentes pour chacun. Mais, elle est une bombe – et pas juste sexuelle - comme on le découvrira à mesure que le film avance.
Son partenaire, André, lui, est beaucoup plus anxieux. Il a des choses sur la conscience, mais quoi? On le découvrira peu à peu dans cette comédie noire à partir du moment où ils croiseront par hasard un quatrième joueur qui se joindra à eux.
Ce quatrième joueur, qui semble arriver par hasard n’est peut-être pas si tombé de nulle part dans ce trio. Il y avait comme une planification de sa part. Mais, pourquoi? On le découvrira quand même assez rapidement, ce qui mettra Hubert sur ces gardes, André sur les nerfs et Florence dans l’envie…
À partir de ce moment, les façades se déferont et on verra ce qu’elles cachaient. On est dans la comédie noire et les non-dits seront de plus en plus révélés. Plaisir assuré.
Comme le réalisateur l’a dit à la fin de la représentation, ce film joue sur l’insociable sociabilité de l’être humain, formule que l’on doit à Emmanuel Kant. Alors, en conclusion, ce passage de Kant :
« J'entends ici par antagonisme l'insociable sociabilité des hommes, c'est-à-dire le penchant des hommes à entrer en société, qui est pourtant lié à une résistance générale qui menace constamment de rompre cette société. L'homme possède une tendance à s'associer, parce que dans un tel état il se sent plus qu'homme, c'est-à-dire qu'il sent le développement de ses dispositions naturelles. Mais il a aussi un grand penchant à se séparer (s'isoler) parce qu'il trouve en même temps en lui cet attribut qu'est l'insociabilité, [tendance] à vouloir seul tout organiser selon son humeur; et de là, il s'attend à [trouver] de la résistance partout, car il sait de lui-même qu'il est enclin de son côté à résister aux autres. C'est cette résistance qui excite alors toutes les forces de l'homme, qui le conduit à triompher de son penchant à la paresse et, mu par l'ambition, la soif de dominer ou de posséder, à se tailler une place parmi ses compagnons, qu'il ne peut souffrir, mais dont il ne peut non plus se passer. C'est à ce moment qu'ont lieu les premiers pas de l'inculture à la culture, culture qui repose sur la valeur intrinsèque de l'homme, [c'est-à-dire] sur sa valeur sociale. » (Emmanuel KANT, Idée d'une histoire universelle au point de vue cosmopolitique, Quatrième proposition, Les classiques des sciences sociales, PDF.)
D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 25-02, Textes et photos culturelles et artistiques : www.societascriticus.com
2022 / Fiction / 138 min / Québec / français
SYNOPSIS
L’été bat son plein. Une thérapeute et un travailleur social accueillent dans une maison de repos trois femmes qui, de leur plein gré, vont discuter de leurs troubles sexuels, en groupe ou indépendamment, afin d’apprivoiser leurs démons. Il y a la charismatique Geisha, la plus renfermée Léonie et la mystérieuse Eugénie. Pendant 26 jours, elles vont parler de leurs relations à la sexualité sans se faire juger. Un cheminement introspectif qui leur permettra de trouver un équilibre, même fragile, de faire le point avec le passé, d’apprivoiser le présent et de considérer l’avenir.
RÉALISATION DENIS CÔTÉ
Né au Nouveau-Brunswick, Denis Côté tourne plusieurs courts métrages dès la fin de ses études en cinéma. En parallèle à son travail de critique, il signe en 2005 son premier long métrage, LES ÉTATS NORDIQUES, qui remporte le Léopard d’or à Locarno, festival où il sera également récompensé en 2010 pour la mise en scène de CURLING. Avec CARCASSES, présenté à la Quinzaine des réalisateurs de Cannes en 2009, VIC+FLO ONT VU UN OURS et HYGIÈNE SOCIALE, tous deux récompensés à la Berlinale en 2013 et 2021, Denis Côté s’est imposé comme un cinéaste incontournable du nouveau cinéma québécois, explorant tout aussi bien dans la fiction que dans le documentaire ses thèmes de prédilection, la solitude, les peurs intimes et l’aliénation, repoussant toujours les limites de son travail formel.
Distribution
Larissa Corriveau (Léonie), Laure Giappiconi (Eugénie), Aude Mathieu (Geisha), Anne Ratte-Polle (Octavia), Samir Guesmi (Sami), Josée Deschêsnes, Marie-Claude Guérin
Source : https://www.filmsquebec.com/films/un-ete-comme-ca-denis-cote/
ÉQUIPE
Production : METAFILMS
Distribution : MAISON 4:3
Direction de la photographie : FRANÇOIS MESSIER-RHEAULT
Montage : DOUNIA SICHOV
Direction artistique : MARIE-PIER FORTIER
https://rendez-vous.quebeccinema.ca/films/un-ete-comme-ca
Commentaires de Michel Handfield, M.Sc. sociologie (2023-03-12)
Ici personne ne se fait interdire. Vous n’êtes pas des malades mentaux, mais des hypersexuels. Vous devez donc apprendre à maîtriser votre sexualité, la contrôler, car elle vous rend malade. Vous avez 26 jours pour le faire à votre rythme, avec une pause de 24 heures à mi-parcours. (1) On ne juge pas. C’est un cheminement, pas un traitement, dans le grand chaos qu’est votre vie.
Mais, c’est particulier comme film. Dès le début, je sentais de quoi de trouble avec le lieu (éloigné), les deux thérapeutes (une professeure venue d’Allemagne et un technicien en éducation spécialisé de mémoire) et, surtout, la responsable du projet qui est en congé de maternité. Et j’avoue que la fin me laisse perplexe, car on ne les voit pas repartir !
Pas sûr que cette expérience universitaire, dans un cadre si loin de l’université, avec si peu de personnes pour la contrôler, soit tout à fait saine. J’ai perçu ce film comme un thriller psychologique et un docufiction sur les questions de sexualités dans un monde à la fois de plus en plus ouvert, mais aussi de plus en plus prude, car on perd le centre, se polarisant entre une gauche qui pousse les limites et une droite qui veut revenir en arrière en matière de moralité. Bref, un film qui parle de notre temps et qui est fort intéressant de ce point de vue.
Nécessaire même, surtout quand on pense aux libertés que cherchaient à gagner les « baby boomers » dans les années 1960 par rapport au retour du vent de droite, moralisateur et religieux en cette matière que nous voyons revenir.
Note
1. À cette occasion, certaines vont « fourrer », mais Léonie va dans un genre de donjon faire du bondage japonais (shibari). Assez spécial quand on n’a jamais vu cela. Voici donc un lien à ce sujet :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Bondage_japonais
CRÉPUSCULE POUR UN TUEUR (RVQC)
D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 25-02, Textes et photos culturelles et artistiques : www.societascriticus.com
2023 / Fiction / 106 min / Québec / français
SYNOPSIS
1979. Tueur à gages redoutable, Donald Lavoie travaille sous les ordres de Claude Dubois, le boss de la pègre du sud-ouest de Montréal. L’assassin prend sous son aile la recrue Serge Rivard, un petit malfrat qui ne tarde pas à le compromettre dans un double meurtre salopé. Grâce aux avocats chèrement payés par le clan Dubois, Donald échappe à la justice, mais ce n’est que partie remise pour le sergent-détective Roger Burns qui cherche à convaincre Lavoie de devenir délateur. Pour tester sa dévotion, Dubois lui demande d’éliminer un proche de son entourage. Lorsqu’il désobéit à cet ordre, Donald s’associe avec d’autres criminels pour planifier un vol de banque afin de financer son exil vers le Sud. Traqué par le clan Dubois d’un côté et par les enquêteurs de Burns de l’autre, Donald se retrouve pris dans un étau qui se resserre.
RÉALISATION RAYMOND ST-JEAN
Raymond St-Jean est réalisateur et scénariste. C’est après des études en communication à l’Université du Québec à Montréal qu’il a commencé sa carrière en tournant des vidéoclips et des courts métrages. Depuis, il a réalisé plusieurs longs-métrages. Ses films ont été diffusés au Canada et à l’étranger, en plus d’avoir été présentés dans de nombreux festivals.
Ses documentaires Une chaise pour un ange et Louise Lecavalier – Sur son cheval de feu ont été diffusés au Canada, en Europe et présentés dans plusieurs festivals internationaux. Son plus récent long-métrage de fiction, Crépuscule pour un tueur, a pris l’affiche en 2023.
INTERPRÉTATION
SIMON LANDRY-DESY, SYLVAIN MARCEL, ROSE-MARIE PERREAULT, BENOÎT GOUIN, ÉRIC BRUNEAU
ÉQUIPE
Production : FILMOPTION INTERNATIONAL
CINÉ QUA NON MÉDIA INC.
Distribution : FILMOPTION INTERNATIONAL
Scénario : MARTIN GIRARD
RAYMOND ST-JEAN
https://rendez-vous.quebeccinema.ca/films/crepuscule-pour-un-tueur
Commentaires de Michel Handfield, M.Sc. sociologie (2023-03-12)
Venant d’une famille dysfonctionnelle, Donald Lavoie a été placé chez les religieuses qui le battaient même s’il avait de bonnes notes à l’école.Tu ne peux pas choisir tes parents, alors le gang de l’ouest (les Dubois) est devenu sa famille. Et, lui, il est devenu un tueur à gages pour les Dubois. Fiable.
Cependant, Roger Burns le talonne et le chef du clan Dubois a peur qu’il ne soit devenu une taupe. Sa tête a donc été mise à prix. Il n’aura pas d’autres choix de parler pour protéger sa femme et sa fille.
Film intéressant à deux points de vue.
D’abord, on voit l’organisation criminelle. Pas de bureau, pas de papier, tout est dans la tête des gens; la mémoire et les rencontres. On se voit au bar, dans un garage, un chalet, en auto; bref tout faire pour ne jamais laisser de traces. Pas de notes, pas de mémos. Le Pouvoir est dans ce qu’on sait et l’argent qu’on contrôle, car elle paye des avocats, des taupes, des contacts.
Ensuite vient le côté psychologique de ceux qui forment ces clans. Des gens que l’organisation a soutenus quand ils étaient rejettés par les autres. Elle en fait des hommes qui lui sont redevables; qui sont liés au clan et que le clan défendra. Mais, en échange, ils feront ce que le clan leur demande de faire.
Dans ce milieu, la confiance et le respect se gagnent lentement, mais se perdent aussi très vite. Il n’y a pas de deuxième chance. Perdre la confiance ou le respect c’est risquer de perdre la vie. Tu es mieux de te cacher bien loin ou d’avoir la protection de la police. Donald Lavoie choisira la protection de la police. Il n’avait pas le choix.
D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 25-02 : www.societascriticus.com
2022 / Fiction / 83 min / Québec / Français
SYNOPSIS
Benjamin raconte à son ex-copine, Angie, qu’il s’est allié à une cellule de terroristes de gauche pour la venger de son ancien patron, propriétaire d’une radio de droite. Son histoire mêle artistes conceptuels, troupes de théâtre amateur, disque vinyle hallucinogène et autres pouvoirs magiques. Devant ses élucubrations, Angie se demande s’il n’invente pas tout cela que pour la reconquérir.
RÉALISATION : ALEXANDRE LEBLANC
Alexandre Leblanc est avant tout un cinéphile. Mais pour payer son loyer, il est aussi monteur. Notamment, il a travaillé sur PRANK de Vincent Biron et JEUNE JULIETTE d’Anne Émond. Parallèlement, il a réalisé aussi quelques courts métrages et tourné son premier long métrage, LES PAS D’ALLURE.
INTERPRÉTATION
SOPHIE DESMARAIS, RICHARD FRÉCHETTE, ANNIE ST-PIERRE, JEAN-SÉBASTIEN COURCHESNE, BENOIT BOURBONNAIS
ÉQUIPE
Scénario : ALEXANDRE LEBLANC
Direction de la photographie : ALEXANDRE LEBLANC, VINCENT BIRON
https://rendez-vous.quebeccinema.ca/films/les-pas-dallure
Commentaires de Michel Handfield, M.Sc. sociologie (2023-03-12)
Ouf ! On est dans un film genre « gore » dans le tournage, mais qui est aussi intellectuel sur le fond. Bref, de « l’intellectualisme gore » ! Tout cela autour du grand complot de la droite pour faire se soulever la population contre le grand complot de la gauche ! Car, la gauche, c’est la nouvelle inquisition pour la droite. Les radios poubelles se plaignent de ne pas avoir de droit de parole dans la sphère publique par exemple. Pourtant, elles en ont pas mal et profitent de cette liberté d’expression, venue des avancées de la gauche dans l’Histoire, mais ne les en remercient pas !
Alors, un groupe de gauche veut s’en prendre à Valère Gravel, patron de DASH-FM, une radio de droite montréalaise. Et pour cela il leur faut mettre la main sur un objet caché chez sa fille, une artiste de la contre-culture toute à l’opposé de son père.
Mais, les complots ne sont pas toujours ceux qu’on pense, car la droite sait jouer du complotisme pour passer pour la victime alors qu’elle a les moyens économiques et organisationnels de contrôler les choses et les gens.
La liberté, pour la droite, c’est peut-être de gagner davantage de pouvoir sous des prétextes fallacieux. Une belle fable en ces lendemains de post-pandémie et de revendication de la liberté par les mouvements conservateurs. Mais quelle liberté? La vraie ou celle qui répond à leur morale pour faire taire les autres?
D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 25-02 : www.societascriticus.com
2022 / Fiction / 87 min / Québec / français
SYNOPSIS
Cédric perd son emploi chez Ingénierie Québec après avoir fait une blague sexiste qui devient virale. Encouragé par son frère, un intello bien-pensant, Cédric entame une thérapie et écrit Sexist Story, un livre qui se veut révolutionnaire et s’attaque à la misogynie. Nadine, exaspérée par l’introspection de son chum, elle-même en manque de rêve et d’adrénaline, se laisse alors tenter par les jeux étonnants initiés par leur mystérieuse « baby-sitter ». Adaptée de la pièce de théâtre éponyme, la comédie BABYSITTER plonge encore plus loin dans l’inconscient, le désir de dominer l’autre et la dérive du couple.
RÉALISATION MONIA CHOKRI
Formée au conservatoire d’art dramatique de Montréal, Monia Chokri est une actrice, scénariste et réalisatrice. Elle a travaillé plusieurs années entre le Canada et la France, comme comédienne au théâtre et au cinéma. En 2013, elle se tourne vers la réalisation. Son premier court métrage, QUELQU’UN D’EXTRAORDINAIRE, lui a valu plusieurs prix dont le Jutra (2014) du meilleur court métrage, le grand prix du Festival South By Southwest (2014) et plusieurs autres. LA FEMME DE MON FRÈRE, son premier long métrage, qu’elle a également scénarisé, est sorti en 2019. Il a été acclamé au Festival de Cannes, où elle a remporté le prix Coup de cœur du jury dans la sélection Un certain regard. Comme actrice, elle a joué pour plusieurs cinéastes, dont Denys Arcand, Robin Aubert, Claire Simon et Katell Quillévéré. C’est grâce à Xavier Dolan et le rôle de Marie dans LES AMOURS IMAGINAIRES que Monia Chokri se fait connaître du grand public. BABYSITTER, son deuxième long métrage, a été présenté au festival de Sundance. Elle travaille sur son prochain film, SIMPLE COMME SYLVAIN.
Distribution
Patrick Hivon (Cédric), Nadia Tereszkiewicz (Amy), Monia Chokri (Nadine0), Steve Laplante (Jean-Michel), Hubert Proulx (Tessier), Stéphane Moukarzel (Carlos), Nathalie Breuer (Brigitte), Patrice Dubois (Christian), Eve Duranceau (Chantal Tremblay), Alphé Gagné (collègue Cédric)
Pour la distribution je me suis référé au site https://www.filmsquebec.com/films/babysitter-monia-chokri/
ÉQUIPE
Production : AMÉRIQUE FILMS
Distribution : MAISON 4:3m
Direction de la photographie : JOSÉE DESHAIES
Montage : PAULINE GAILLARD
Costumes : GUILLAUME LAFLAMME
Source : https://rendez-vous.quebeccinema.ca/films/babysitter
Commentaire de Michel Handfield, M.Sc. Sociologie (2023-03-12)
Un groupe d’amis d’Ingénierie Québec assiste à un combat extrême où se mêlent un peu trop de boissons et la vue de filles pas mal sexy comme dans tous galas de boxe. Cédric, le meilleur ingénieur de la boîte, fait une blague sexiste à une journaliste à la sortie de l’évènement. Le vidéo devient viral et il sera suspendu. Il ne comprend pas vraiment pourquoi, car, pour lui, il avait plutôt rendu un hommage à une journaliste qu’il admire...
Il tombera dans le questionnement et en parlera avec son frère, journaliste. De l’idée de la lettre d’excuse au livre d’excuses aux femmes, on passera à l’introspection par tous les questionnements que cela soulève. Qu’est-ce qu’une femme? Qu’est-ce qu’un homme? Qu’est-ce que la sexualité? Que sont les désirs? Quand est-ce sexuel et quand est-ce que ce ne l’est pas? L’est-ce pour l’un et pas pour l’autre? Tout ça se passera avec sa femme, son frère et la nouvelle babysitter quelque peu spéciale. On est à la fois dans la comédie et la philosophie. Ça roule vite, c’est humoristique, mais ça questionne aussi.
Un seul exemple : mais si on est ainsi, ce sont quand même nos mères qui nous ont élevés de cette façon. Mais, en même temps, n’est-ce pas misogyne de penser ainsi? Je pourrais aussi ajouter : ont-elles élevé leurs garçons différemment de leurs filles? Pourquoi? Et, n’est-ce pas là une source des problèmes actuels?
À partir de ce moment, j’ai cessé de prendre des notes et j’ai assisté à un bon film avec plaisirs assumé.
D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 25-02 : www.societascriticus.com
2023 / Fiction / 127 min / Québec / français
Un film de Francis Leclerc
Scénarisé par Eric K. Boulianne et Francis Leclerc
Produit par Marie-Claude Poulin
Adaptation du roman à succès LE PLONGEUR de Stéphane Larue, paru aux Éditions Le Quartanier
Mettant en vedette Henri Picard dans le rôle-titre, Charles-Aubey Houde, Maxime De Cotret, Joan Hart, Fayolle Jean Jr, Robin L’Houmeau, Marie-Ève Beauregard et Jade Charbonneau
SYNOPSIS
Montréal, hiver 2002. Stéphane, 19 ans, fan de Métal, étudiant en graphisme, rêve de devenir illustrateur. Mais depuis des mois il s’engouffre dans une spirale menaçante : il est accro aux jeux. Endetté, sans appartement, évitant ses amis à qui il doit de l’argent, Stéphane prend un job de plongeur dans un restaurant afin de s’en sortir. Il découvre la vie survoltée d’un restaurant à l’approche des fêtes et sa galerie de personnages.
RÉALISATION FRANCIS LECLERC
Cinéaste estimé, Francis Leclerc réalise plusieurs courts métrages et vidéo-clips dans les années 1990. Cette expérience le mène, en 2011, à Trotteur, court-métrage louangé dans plusieurs festivals. Son premier long métrage, Une jeune fille à la fenêtre (2001), est nommé pour le Grand Prix des Amériques au Festival des Films du Monde de Montréal. S’ensuit Mémoires affectives (2004), lauréat de plusieurs Prix Génie et Jutra, puis Un été sans point ni coup sûr (2008). Avec Pieds nus dans l’aube, il adapte le roman autobiographique de son père, Félix Leclerc. Finalement, L’Arracheuse de temps (2021) transpose à l’écran un conte de Fred Pellerin, et Le Plongeur, l’œuvre éponyme de Stéphane Larue. Ce film ouvre la 41e édition des Rendez-vous Québec Cinéma.
Bande-annonce :
https://www.youtube.com/watch?v=_gkrxhgUKAs&feature=youtu.be
https://rendez-vous.quebeccinema.ca/films/le-plongeur
Commentaires de Michel Handfield, M.Sc. sociologie (2023-03-11)
Décrire ce film en moins de dix mots faciles à retenir, j’écrirais : film introspectif sur l’être humain et la société.
Étudiant au cégep du Vieux Montréal en dessin graphique, Stéphane, 19 ans, est tombé dans la spirale du jeu quand il a joué aux machines une première fois. C’est comme s’il avait été avalé par un renvoi de baignoire ! Difficile de s’agripper pour rester hors du courant de cette eau qui s’écoule; encore plus difficile d’en sortir quand on est aspiré par le tuyau sans fin du jeu, car tout est fait pour exciter nos sens. La machine est pensée pour stimuler l’adrénaline du joueur avec ses son et lumière qui l’attirent et le retiennent à l’écran. Il ne sait, plus ce qui se passe autour de lui, encore moins dans sa vie. Il en perd le sens du temps.
Pour assouvir sa passion, qui n’est pas de se refaire, mais d’avoir le coup d’adrénaline que lui procure le jeu, il mentira de plus en plus à ses amis et ses proches et continuera à s’enfoncer jusqu’à ce que ses menteries ne passent plus. Comme le jeu le désorganise, un de ses proches allumera et lui tendra une perche. Il lui dira de se trouver un emploi pour combler son temps, ce qui devrait l’éloigner du jeu.
Ce travail fut celui de plongeur dans un restaurant étoilé de Montréal. Un travail où tu es toujours dans le jus, donc qui donne de l’adrénaline. Quand il travaille, il oublie en partie le jeu. Mais, les occasions de rechutes existent toujours, la loterie étant une sollicitation au grand jour pour tous ceux qui sont des joueurs compulsifs. On ne le réalise que trop bien dans ce film.
Son ami ne le laissera pas sombrer à nouveau, ce qui ne veut pas dire qu’ils n’auront pas quelques prises de bec. Ce n’est jamais facile de remonter le courant, mais c’est cela ou le courant risque de nous entraîner vers le fond. Et la sollicitation pour jouer est forte, la loterie et les machines de jeu étant finalement pas mal partout et très visible, car c’est une des vaches à lait des finances publiques. On ne les cache donc pas. Au contraire.
En parallèle des relations humaines, il est intéressant de voir le travail de cuisine d’un restaurant bien coté. Même s’il s’agit d’une œuvre de fiction, cela nous donne une certaine image de la réalité, un peu comme dans les œuvres de Zola. Et, dans ce restaurant, il y a ceux en bas et ceux en haut, comme les classes sociales, avec un escalier que l’on peut gravir ou débouler entre le travail des cuisines et les lieux plus feutrés et luxueux du restaurant.
Chaque personnage est aussi intéressant en termes d’humains, avec leurs hauts et leurs bas; leurs parts d’ange et de démons; leur passé et où ils veulent aller. Des chemins pas toujours facile et rempli d’embûches. Si pour Stéphane c’était le jeu, pour d’autres ce peut être la poudre ou un passé à fuir…
D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 25-02 : www.societascriticus.com
2022 / Fiction / 105 min / Québec / français
SYNOPSIS
Les Arsenault, une famille tissée serrée qui tire profit de la chasse illégale, font la loi depuis plusieurs générations dans un petit village du Bas-du-Fleuve. Le retour au bercail d’Anthony, l’impétueux cadet de la famille, puis l’arrivée d’Émilie, une animatrice de radio qui exerce un ascendant sur Anthony et son frère aîné Adam, viendront mettre à l’épreuve l’harmonie du clan.
RÉALISATION et SCÉNARIO RAFAËL OUELLET
Né à Matagami dans le nord-ouest du Québec, Rafaël Ouellet a travaillé plusieurs années en radio et en télévision, puis sur différents plateaux de cinéma.
INTERPRÉTATION
GULLAUME CYR; KARINE VANASSE; LUC PICARD; PIERRE-PAUL ALAIN; MICHELINE LANCTÔT
ÉQUIPE
Production : LA MAISON DE PROD
Distribution : SPHÈRE FILMS
Direction de la photographie : FRANÇOIS DUTIL
Musique originale : ALEXIS MARTIN, VIVIANE AUDET, ROBIN-JOËL COOL
https://rendez-vous.quebeccinema.ca/films/arsenault-et-fils
Commentaires de Michel Handfield, M.Sc. sociologie (2023-03-11)
En prémisse à la projection, le réalisateur et scénariste du film, Rafaël Ouellet, nous a dit que ce film part de souvenirs d’enfance. À l’époque les gens faisaient du braconnage pour étendre la période de chasse; pour aller se chercher un ou deux orignaux de plus dans l’année, mais hors de la saison permise, par exemple. On peut penser que c’était pour nourrir la famille.
Maintenant, c’est davantage organisé. Et c’est davantage dans un but de commerce illégal. Il faut être équipé pour le faire. Le film nous le montrera, avec ses réseaux de distribution bien organisés vers différents commerces de restauration.
La famille Arsenault est dans ce commerce. Et ce sont de gros distributeurs qui ont aussi une bonne couverture : un gros garage. Ça donne de la place et un va et vient de camions pour réparation ou pour charger en toute impunité de la viande de gibier à distribuer vers des restaurants et des boucheries par exemple. Et, cette ville étant aux frontières de deux provinces (Québec et Nouveau-Brunswick) et aussi pas très loin du Maine (États-Unis), cela leur donne un bon marché. Voilà toute la trame de cette histoire.
Comme pour la drogue, c’est du commerce au noir, du blanchiment d’argent (par les commerces) et un jeu de chats et de souris avec les autorités et les concurrents. Et, qui dit chasse, dit aussi armes à feu.
Mais, au-delà de la trame, il y a toutes les relations humaines. Les personnages peuvent être des bandits et avoir du cœur en même temps. Ainsi Adam (GULLAUME CYR), aussi pompier volontaire, n’est pas à l’aise avec ce que sa famille fait et ce que lui-même fait pour les aider. Mais, c’est un bon gars; un trop bon gars pour dire non, le cœur sur la main comme on dit.
Par contre, son plus jeune frère Anthony (PIERRE-PAUL ALAIN) est une tête brûlée aux yeux de la famille. Il n’a pas de limites quand il s’agit de faire une passe de cash. Il pourrait même voler ses grands-parents.
Ces deux protagonistes sont les deux extrêmes de la famille, l’équilibre étant un peu entre les deux. Ça donne des personnages typés que l’on aime suivre et qui seront en confrontation à cause de l’arrivée d’Émilie (KARINE VANASSE) à la Radio des Frontières. Elle sera d’ailleurs le point de bascule de cette histoire. Je ne peux en dire plus ici sans vendre des intrigues.
Au retour du réalisateur, pour faire un retour sur son film en fin de programme, suivi d’une période de questions, on a appris que ce film fut tourné à Dégelis, ville natale du réalisateur et scénariste du film. Cette ville est aux frontières du Québec, des États-Unis et du Nouveau-Brunswick, nous a dit le réalisateur après le visionnement. Là est le plus des Rendez-vous, que ces explications et échange entre la salle et un représentant du film. Pour cette projection, ce fut le réalisateur et scénariste. (1) J’avoue que c’est un plus que ces explications et échanges.
Enfin, on peut trouver « Arsenault et fils » (la bande originale du film) sur les plateformes de musique. Je l’ai trouvé dans iTunes pour ma part. De la musique par des musiciens de ce coin. D’ailleurs, j’ai aimé la trame musicale.
Note
1. J’avoue avoir mal noté le nom, mais comme Rafaël Ouellet a parlé du « Festival du tremplin » qui se passait dans sas ville natale, cela a facilité mes recherches pour bien identifier le lieu. J’en ai retenu quelques hyperliens :
Le tremplin : https://www.festivalletremplin.com/
Par Andréanne Lebel, Rafaël Ouellet tournera son film «Arsenault & Fils» à Dégelis en juin, Info Dimanche, 28 mai 2021 :
Municipalité de Dégelis : https://degelis.ca/
Dégelis sur Google maps : https://www.google.com/maps/place/Dégelis,+QC/
MRC de Témiscouata : https://www.mrctemiscouata.qc.ca/
D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 25-02 : www.societascriticus.com
2021 / Fiction / 109 min / Québec / français
SYNOPSIS
CONFESSIONS raconte la vie de l’un des tueurs à gages les plus prolifiques de notre époque. Avec vingt-huit meurtres et une quinzaine d’attentats, pour la plupart des hauts gradés des Hells Angels, de la mafia et du crime organisé, Gérald Gallant étonne et déroute. Gallant est aussi indicateur de police et il n’hésite pas à vendre ceux qui l’entourent. Comment ce petit homme bègue à la santé fragile et au QI modeste, vivant avec son épouse pieuse et généreuse dans une maison proprette au cœur d’un quartier tranquille, a-t-il su déjouer tant les criminels les plus endurcis que les policiers les plus futés?
RÉALISATION LUC PICARD
Luc Picard est un acteur, réalisateur et metteur en scène de théâtre québécois. Après des études au Conservatoire d’art dramatique de Montréal, il a participé au fil des années à plusieurs créations télévisuelles et cinématographiques. Il a joué dans une trentaine de films et des dizaines de pièces et il a réalisé cinq longs métrages. Son plus récent, CONFESSIONS, a pris l’affiche à l’été 2022.
INTERPRÉTATION
DAVID LA HAYE, LUC PICARD, ÉVELINE GÉLINAS, SANDRINE BISSON
ÉQUIPE
Production : CHRISTAL FILMS PRODUCTIONS
Distribution : LES FILMS OPALE
Scénario : SYLVAIN GUY
Direction de la photographie : FRANÇOIS DUTIL
Musique originale : DANIEL BÉLANGER
https://rendez-vous.quebeccinema.ca/films/confessions-1
Commentaires de Michel Handfield, M.Sc. sociologie (2023-03-11)
DAVID LA HAYE était là pour présenter le film et répondre aux questions à la fin. Il a conseillé de rester jusqu’à la toute fin, car après le générique il y a un caméo de l’entretien de Gérald Gallant avec l’enquêteur à qui il s’est confié.
Gallant, dans sa jeunesse, était dévalorisé par sa mère, à table, devant la famille, car, selon des tests scolaires (j’imagine), son QI était un peu plus faible que la moyenne. Il était aussi un genre de souffre-douleur et elle voulait l’endurcir. Ça semble avoir fonctionné, car il dissociait son travail de tueur à gages, « je suis un soldat dans une guerre », de sa vie. La guerre en question était la guerre des motards.
Sa mère ne l’a jamais su ni même soupçonné, car, même à la fin de sa vie, elle lui a dit qu’elle a toujours eu du dégoût pour ce fils qu’elle a toujours trouvé mou comme son père. Ce fils qui était un des meilleurs tueurs à gages du Québec, probablement protégé par son statut de faible qui passait inaperçu…
Rencontrer un commanditaire de meurtre dans une église ne le dérangeait pas. Il pouvait porter une chaîne avec un crucifix et dire à sa femme qu’il allait par affaire à l’extérieur pendant qu’elle cuisinait avec une religieuse à la maison, probablement pour donner à une œuvre de charité. Il y avait l’homme, humain et humble; et le professionnel : le tueur à gages. Les deux bien distincts. Et il avait des principes pour chacun d’eux.
Un film intéressant pour son côté historique, mais aussi psychologique, même s’il a été quelque peu rendu fictionnel pour des raisons évidentes, car ces personnes ont existé et certaines sont toujours vivantes. Aurait-il pu être un espion, aussi anonyme qu’il fût? Probablement, car quand on cherche un espion on cherche bien plus un « anonyme et inaperçu » comme Gallant qu’un flamboyant à la « James Bond ».:)
D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 25-02 : www.societascriticus.com
2020 / Fiction / 100 min / Québec / français, innue, sous-titres français
SYNOPSIS
Sophie et Mathieu, un couple dans la trentaine, se rendent à Schefferville pour régler la succession du chalet du père de Sophie, ancien mineur dans ce village quasi fantôme. Sur place, Sophie retrouve son oncle Réjean, ancien mineur lui aussi. Mais lorsqu’un incident tragique impliquant Réjean se produit sur les lieux, avec Mathieu comme seul témoin, le voyage prend une tournure insoupçonnée. Tenu de rester sur place plus longtemps que prévu le temps que se mette en branle l’enquête policière, le couple se retrouve isolé du reste du monde, pointé du doigt, en contact pour une rare fois avec la complexe réalité autochtone. Sophie et Mathieu voient leur couple mis en péril, chacun prenant une voie opposée dans sa réaction face à cette situation oppressante, dans ce huis clos des grands espaces.
RÉALISATION SARAH FORTIN
Sarah Fortin est diplômée en communication (profil cinéma) de l’UQAM. Elle a réalisé plusieurs courts métrages de fiction, dont DEUX ENFANTS QUI FUMENT (2004), SYNTHÉTISEUR (2008) et LE FLEUVE À DROITE (2010). Après un premier documentaire en 2006, HUGUETTE UGUAY, L’ENVERS DE MADAME BEC-SEC, elle a terminé en 2011 J’M’EN VA R’VIENDRE, sur le chanteur Stephen Faulkner. Elle a également collaboré au docuweb ICI CHEZ SOI pour l’ONF. Elle travaille depuis plusieurs années comme cinéaste-formatrice avec Wapikoni mobile. Elle travaille aussi comme monteuse pour la télévision et le cinéma.
INTERPRÉTATION
CHRISTINE BEAULIEU, JEAN-MARC DALPÉ, JEAN-SÉBASTIEN COURCHESNE
ÉQUIPE
Production : VOYELLES FILMS
Distribution : FUNFILM DISTRIBUTION INC.
Scénario : SARAH FORTIN
Direction de la photographie : VINCENT GONNEVILLE
Musique originale : LAST X
https://rendez-vous.quebeccinema.ca/films/nouveau-quebec
Commentaires de Michel Handfield, M.Sc. sociologie (2023-03-11)
De la présentation et des discussions, avec Sarah Fortin notamment, j’ai retenu que ce fut tourné à Shefferville et qu’il fallait de rendre en train. Un voyage de 24 heures et le train ne passe pas nécessairement tous les jours. On peut parfois l’attendre jusqu’à 4 jours, de quoi se sentir prisonnier du lieu. Comme il est compliqué d’amener les choses là-bas, il est encore plus compliqué de les ramener, ce qui explique aussi les cimetières d’autos et les décharges…
À la fermeture de la mine de fer, la majorité des blancs sont revenus vers le sud. Leurs maisons ont disparu avec tout ce qu’ils ne pouvaient rapporter. Mais, le père de Sophie y a laissé son frère, qui n’est pas redescendu vers le sud, et des souvenirs probablement jamais oubliés. Alors, ils voulaient que ces cendres y retournent. Sophie y va donc avec son compagnon, Mathieu, comptable dans une shop et qui n’a rien de l’aventurier. Il sera en porte-à-faux avec ce lieu dès son arrivée contrairement à Sophie qui est née là et que, à défaut de s’y mouler, elle veut comprendre.
Suite à un bête accident, alors que Mathieu est avec l’oncle de Sophie, ils seront prisonniers de la place tant que l’enquête ne sera pas terminée. Et, on n’est pas au rythme de la région montréalaise, ce qui énervera davantage Mathieu et agacera Sophie au plus haut point. On comprend assez rapidement que ce couple s’éloigne dans de nouvelles conditions, comme si l’amour n’est pas qu’un rapport entre deux personnes, mais aussi en partie dû à un contexte social. Dans un autre contexte, il n’aurait peut-être jamais existé. Quand on pense que l’amour n’est qu’une interaction entre deux personnes et qu’« elles devaient se rencontrer », ce n’est peut-être pas tout à fait vrai.
En parallèle à l’éloignement du couple, on découvre l’éloignement culturel entre deux peuples qui se sont fréquentés tout au long de notre histoire. Pourtant, en sont nés des enfants. Si éloigné et si proche en même temps, voilà ce qu’on découvre dans ce film. Apprend-on à mieux connaître les Innus ou à mieux nous connaître, la question est ouverte.
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