PLAISIRS PARTAGÉS – INTERDISCIPLINAIRE
PLAISIRS PARTAGÉS – INTERDISCIPLINAIRE
D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 25-02 : www.societascriticus.com
DANSE + THÉÂTRE + PERFORMANCE
Du 6 au 8 mars, https://lachapelle.org/
AUDRÉE LEWKA
+ DAVID EMMANUEL JAUNIAUX
+ GUILLAUME LÉTOURNEAU
« Oyez, oyez ! Nous avons le GRAND HONNEUUUUR de convier les spectateurices à un amalgame agréable de petits jus Oasis, de serpents féroces, de spaghetti bolognese, d’organes agiles et de costumes cartonnés. Virtuose de seconde main, grandiose fuck-all, tendre shitty, solidement bancal. On a hâte de vous faire un spectacle. Hihihi. »
Ensemble, Audrée, David et Guillaume ont créé Poneyboyz (Danses Buissonnières, 2018, OFFTA et Chantiers Constructions, Artistiques 2019) et Dousse nuit (Tangente 2019). Plaisirs partagés est leur troisième création commune.
Maîtresse d’œuvre Audrée Lewka;
Création et interprétation David Emmanuel Jauniaux + Audrée Lewka + Guillaume Létourneau;
Scénographie Audrée Lewka;
Composition musicale Olivier Landry-Gagnon;
Conception sonore Guillaume Létourneau + Olivier Landry-Gagnon;
Conception lumières Catherine F.P.;
Conception costumes Audrée Lewka + Guillaume Létourneau + David Emmanuel Jauniaux;
Chorégraphies et répétitrice Emmalie Ruest;
Dramaturgie Pierre-Luc Lapointe;
Direction de production et assistance à la mise en scène David Emmanuel Jauniaux.
Bande annonce : https://vimeo.com/795087269
Commentaires de Michel Handfield, M.Sc. sociologie (2023-03-08)
OUF ! Peu de mots. Premier degré, ça riait beaucoup, mais, quand on décante ce spectacle, il y avait beaucoup à réfléchir par la suite. C’est ce que j’aime : la symbolique derrière le vu !
On était dans la danse et le mime, parfois inspiré par la BD, je trouve. En effet, en string, des yeux dessinés sur les fesses, penché par en avant, costumé avec un chapeau, nous avions droit à un spectacle de BD fort particulier, où nous étions en même temps observé par ces êtres sortis de leur imagination que nous les regardions sur la scène.
Nous étions, humains, sous le regard d’êtres imaginaires qui nous observaient de leur forteresse de carton comme nous pouvons observer les fourmis ou les oiseaux par exemple. Parfois, ils sortaient de leur château et venaient nous observer ou nous narguer de plus près, munis d’une armure ou d’une épée en carton.
Il y a là toute une symbolique, car nous détruisons leur milieu et ne savons pas ce qu’ils en pensent. Mais, honnêtement, pas sûr qu’ils en soient heureux ! Comment réagiraient-ils face à cela s’ils avaient les moyens de nous combattre? Bref, collectivement, on est des prédateurs face à eux comme le sont les extra-terrestres face à nous dans certaines productions hollywoodiennes, car nous ne sommes pas à armes égales. Par chance, car s’ils étaient à armes égales avec nous, je crois qu’ils régleraient certains comptes avec les humains qui ne respectent pas la nature et ce ne serait pas beau.
Ces petits bonhommes-fesses revenaient occasionnellement dans ce grand tout, comme des liants. À partir d’eux on peut d’ailleurs déconstruire ce spectacle et lui donner un sens. Et ce sens, c’est l’image que ce spectacle nous renvoie de nous.
En entrée, nous avions l’épisode de la carte de crédit VISA qui doit être passée entre les fesses d’un humain pour être validée, représentation du lecteur de la bande magnétique. Mais, c’est aussi le fait que l’humain est le support de tout ce système de crédit et de surconsommation qui sont indissociables. Ce n’est plus la carte qui est à son service, mais c'est bien lui qui est au service de la consommation infinie que représente la carte de crédit. Ses désirs sont insatiables et la carte les permet en remettant le paiement plus tard. Pour être heureux, il peut donc se permettre le nouveau gadget à la mode alors qu’il n’a même pas usé de l’ancien à son plein potentiel. (1) C’est un paradis artificiel qui le soumet au système : la nouvelle servitude volontaire ! (2)
Un autre épisode était celui de la peur du serpent. C’est que le serpent rampe et se terre. On ne le voit pas. Il peut nous surprendre au moment où nous ne l’attendons pas. Il venge la nature, alors on l’associe au démon, car tout ce qu’on ne domine pas est dangereux. Pourtant le danger vient bien davantage de l’humain qui détruit la nature pour posséder et accumuler de la richesse, car l’humain se juge d’abord par ce qu’il possède. Tout le système est d’ailleurs construit là-dessus et la promesse d’une croissance continue, ce qui est un non-sens. Mais, on veut y croire malgré les conséquences que l’on sait. Les êtres de la nature n’en sont cependant pas dupes, car ils en sont les témoins et les victimes. Combien d’espèces ont déjà disparu? Pas surprenant que nos petits bonhommes-fesses nous regardent ainsi.
D’ailleurs, à la fin du spectacle, nos petits bonhommes-fesses vident leur château de tout ce qu’ils ont ramassé : nos détritus et cochonneries, produits de notre surconsommation, qui traînent un peu partout où l’humain est.
Cette pièce de peu de mots – danse et mime – est une fable pour notre époque. Si nous ne trouvons pas comment sortir de ce mode de vie, nous menaçons la vie. Assez paradoxal tout de même que de courir vers la disparition au nom de la croissance comme promesse de bonheur universel !
Notes
1. Ceci mérite un exemple. Combien d’humains n’ont pas compris la moitié des applications de leur cellulaire qu’il leur faut déjà le nouveau modèle, car il vient de sortir ! Il a beau en faire plus, ils n’en feront pas davantage qu’avec l’ancien modèle qu’ils avaient. Un exemple bien simple : combien de gens, au gym, écoutent leur musique sur un cellulaire et ont leur programme écrit sur papier et notent leur progression dans un calepin? Pourquoi ne le mettez-vous pas dans votre bloc-notes ou une feuille Excel sur votre portable? Au moins, vous sauveriez du papier ! Existe aussi des applications pour le faire. Une simple recherche dans Google Play m’a fait trouver FitNotes par exemple. Et il y en a certainement d’autres. Tant qu’à être fixé sur votre cellulaire au gym, utilisez-le à bon escient pour faire votre entraînement.
2. Un clin d’œil ici au DISCOURS DE LA SERVITUDE VOLONTAIRE d’Étienne de LA BOÉTIE, 1549, dans la collection Les classiques des sciences sociales, PDF.
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