Le dîner chez les Français de Valéry Giscard d’Estaing (Théâtre en ligne)
Le dîner chez les Français de Valéry Giscard d’Estaing (Théâtre en ligne)
D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, in Societas Criticus Vol. 27-01 : www.societascriticus.com
1h45min / HD / Spectacle vivant
Texte de Julien Campani, Léo Cohen-Paperman avec la complicité des actrices et acteurs du spectacle.
Dans ce nouvel épisode, le public assistera à l’un des mythiques diners de Valéry Giscard d’Estaing et de son épouse chez des « français ordinaires ». Décembre 1974, trois générations de Deschamps-Corrini sont réunies dans leur petite maison de Normandie. C’est le grand soir ! V.G.E et Anne-Aymone viennent diner. Entre le feuilleté à l’andouille de Vire et la teurgoulle de Janville, les invités parleront de Minitel, d’avortement et d’un nouveau fléau, le chômage. Ils tenteront de rester calmes. Par quelques habiles métamorphoses, les comédien·nes feront entrer au salon publicités et chanteurs…
Léo Cohen-Paperman nous projette à une époque où la France est passée d’une société conservatrice à une société de jouissance. Il nous convie surtout à une grand-messe drolatique, télévisuelle et chaotique où l’Histoire entre en délire !
Le diner chez les Français de Valéry Giscard d’Estaing est l’épisode 3 de la série Huit rois, dont l’ambition est de peindre le portrait théâtral des huit présidents de la Ve République.
Pièce filmée au Théâtre de Châtillon, 2023
© Production Compagnie Les Animaux en Paradis (Châtillon)
Hyperlien : https://videos.opsistv.com/
Commentaires de Michel Handfield, M.Sc. Sociologie (2025-01-01)
- Prémisse
- Acte 1 : Chez les français (vers 8 minutes)
- Acte 2 : L’entrée ou la grâce de la nouveauté (vers 18 minutes)
- C’est le 3e acte : les plats de résistance, où l’on verra comment la grâce trébuche et comment la crise s’invite à la table des Français (vers 39 minutes)
- Intermède du Trou normand : Le cœur des femmes ou les moyens d’être heureuse (vers 57 min)
- Acte 4 : Le fromage, chaos dans la civilisation, où l’on verra comment les conflits de mœurs s’additionnent aux conflits économiques (vers 1h18)
- Acte 5 : Le dessert. 1981, où l’on verra comment la droite et la gauche s’unissent pour faire tomber le président (vers 1h34)
Postface, suivi des Notes et des Hyperliens
Cette pièce fait l’histoire du septennat de Valéry Giscard d’Estaing en autant de repas du jour de l’an chez cette famille typique de la France, les Deschamps-Corrini, en Normandie. On y passera de l’espoir du changement au désespoir de changements trop rapides et mal ficelés qui auront des effets pervers, comme des délocalisations et une montée de l’inflation et du chômage. Bref, c’est l’histoire de la montée et de la descente de tous les gouvernements !
Rien de surprenant, car tout ce qui monte doit redescendre un jour. Alors, même si l’on pense que le prochain gouvernement ne nous décevra pas, un jour, nous en aurons assez comme pour les précédents.
Mais, avec le temps, on pourra réinterpréter ce que nous ont donné ces gouvernements. Ainsi, quand l’on voit les visées expansionnistes actuelles des trois grandes puissances – la Chine, la Russie et les États-Unis de Donald Trump – cette idée de l’Europe est probablement un rempart bien utile maintenant, même si cette idée d’une Europe commune est encore perfectible. Giscard d’Estaing n’avait pas tout faux.
Si vous sautez « L’analyse - version longue », je vous conseille tout de même de lire la conclusion et la postface.
NDLR, en retrait, ce ne sont pas nécessairement des citations exactes de la pièce, mais bien le verbatim que j’ai noté/résumé, car il va à l’essentiel. On abrègera les minutes et les heures pour permettre plus de fluidité dans le texte.
Prémisse
« Je m’appelle José Corini, né le 13 octobre 1973, j’ai un an. Depuis ma naissance, c’est la crise : crise pétrolière, crise économique, crise morale, tout se transforme. Et dans ce grand vent de nouveauté radicale, le pays vient d’élire son premier président modéré. Conservateur et progressiste, il s’appelle Valéry-Giscard D’Estaing. Il dit qu’il veut regarder la France au fond des yeux. Alors, il propose, accompagné de son épouse, Anne-Aymone, de s’inviter à diner chez les Français... » (On est entre 1 et 2 minutes de la pièce)
Cela place donc la table, car on sera presque toujours autour de celle-ci dans cette maison qui nous fait passer à travers le septennat (1974-1981) désordonné de Valéry-Giscard D’Estaing en sept diners du jour de l’an chez les Deschamps-Corrini dans le Calvados, Cricqueville-en-Bessin pour être précis, en Normandie ! Une proposition originale et audacieuse. Sept années désordonnées comme des souvenirs d’enfance, nous dit le petit José vers les 2 minutes de la pièce.
Puis, on entre dans une pièce en 6 actes si l’on inclut l’Intermède du Trou normand : Le cœur des femmes ou les moyens d’être heureuse (vers les 57 minutes) entre le 3e et le 4e acte.
Il y a du matériel dans cette pièce. D’ailleurs, après ma première écoute, j’en ai fait plusieurs autres partielles pour raffiner mes notes. Si la politique est du théâtre, le texte est parfois très étoffé. Il faut dire que ça se passait à une autre époque, où l’on avait davantage des intellectuels comme politiciens que des communicateurs, voir des influenceurs comme aujourd’hui, qui ne surfent que sur quelques concepts accrocheurs et simplistes.
Facile à comprendre comme des comptines d’enfants, mais sont-ce vraiment des solutions aux problèmes de notre temps qui affligent le monde? Je n’en suis pas sûr. Des conflits civilisationnels se règlent rarement en 24 heures, comme le promettent les populistes, même si c’est séducteur et que ça attire les votes, comme le miel attire les ours. Et que dire de leurs promesses de liberté, comme si les libertés ne s’opposaient parfois pas les unes aux autres?
L’image a sorti le contenu de la politique contemporaine comparée à ces années où la politique avait encore sa superbe, parfois avec trop d’effets de toges, j’en conviens. Mais, aujourd’hui, à part répéter quelques mots clés – comme « fake news » - que reste-t-il de substance à comprendre et à discuter entre citoyens? Rien. On voit les trumpistes scander « America great again », mais quelle Amérique? La vraie, soit le continent avec ses défis qui nécessiteraient un parlement de l’Amérique à l’Européenne, comme l’avait vu Valéry Giscard d’Estaing pour l’Europe? Ou, une Amérique qui n’est rien de plus que des États-Unis qui semblent vouloir se replier sur eux-mêmes, empiéter sur les autres et tout contrôler?
Acte 1 : Chez les français (vers 8 minutes)
José nous présente la droite (ses grands-parents), la gauche (ses parents) et lui (l’enfant). On entre des choses dans la maison, on en oublie dans l’auto, on jase, avec en arrière-plan le discours de Giscard d’Estaing à la télé en cette veille du jour de l’an (31 décembre 1974). On apprend que Michel et Marie-France travaillent chez Alstom, elle comme secrétaire et lui comme ouvrier. On saura au prochain acte qu’ils se sont rencontrés pendant les évènements de mai 1968.
Acte 2 : L’entrée ou la grâce de la nouveauté (vers 18 minutes)
On voit Valéry Giscard d’Estaing comme « le digne héritier du général de Gaulle » (vers 20 minutes). Marie-France salue ce qu’il fait pour les femmes et la jeunesse. Et, Giscard se voit comme le défenseur de la famille; de la grande famille française ! Il veut leur bonheur. D’ailleurs, vers les 21 minutes de la pièce, Giscard chante « La ballade des gens heureux » de Gérard Lenorman.
Puis, parlant de nouveauté, Giscard d’Estaing en a pour la nouvelle cuisine. Il parle de Paul Bocuse et de simplifier la cuisine pour en retrouver les gouts d’origine. De ne plus tout noyer sous des sauces crème qui cachent les gouts naturels.
Vers les 30 minutes de la pièce, la grand-mère (Germaine) chante « Comme les rois mages en Galilée » de Sheila. On est encore dans l’espérance d’un nouveau mandat présidentiel. De l’espoir que tout changera sans tout bouleverser. Mais, c’est avant que la « realpolitik » ne vienne remettre les yeux des électeurs devant leurs trous : la réalité reprend toujours sa place. On ne peut faire de changement sans bousculer un peu – sinon beaucoup – l’ordre établi ! Tôt ou tard on en arrivera aux « plats de résistance ».
C’est le 3e acte : les plats de résistance, où l’on verra comment la grâce trébuche et comment la crise s’invite à la table des Français (vers 39 minutes)
Le premier plat de résistance est un civet de sanglier que le Président servira, car « comme je suis au centre, je crois que j’ai le bras assez long pour servir tout le monde. » (Vers 45 minutes) S’il semble satisfait, tout le monde le sera-t-il pour autant ? On comprend que l’on est dans la symbolique ici.
Puis, il y aura plus loin une allusion au fait que le Président chasse en Centrafrique et Valéry dira qu’il aime beaucoup l’Afrique. Et, Anne-Aymone d’ajouter que « l’Afrique le lui rend bien » (autour de 47 minutes). C’est là une allusion à l’affaire des diamants l’impliquant avec l'ancien président, puis empereur, de Centrafrique Jean-Bedel Bokassa. (1)
Ensuite, quand le président dira qu’on est sorti de la nouvelle cuisine, mais qu’il y a les bons gras et les mauvais gras, on pourra y voir une allusion économique cette fois-ci, car s’il faut favoriser les bons gras, on doit nécessairement couper dans les mauvais. Et, cela peut faire mal, surtout si on pense aux rationalisations économiques qui ont débuté à cette époque.
D’ailleurs, José, trois ans maintenant, dit qu’il veut faire chômeur plus tard. (Vers 49 minutes) C’est que les enfants jouent au chat chômage, genre de tag, à la garderie ou à l’école, dit son père pour l’excuser. C’est d’ailleurs le sujet central de discussion en France. Michel chante alors la chanson d’Eddy Mitchell sur le chômage : « Il ne rentre pas ce soir » (vers 50 minutes).
Alors, la question se pose nécessairement autour de la table : monsieur le président, qu’est-ce que vous allez faire? (Vers la 51e minute) Il a répondu en substance :
« En France, on n’a pas de pétrole, mais on a des idées. Il faut doubler, réduire la dépendance à l’énergie, bref doubler la production de l’énergie nucléaire en 5 ans ! »
Puis, un peu plus loin (vers 53 minutes), Valéry Giscard d’Estaing reprend de plus belle sur sa lancée :
« Il faut miser sur l’innovation pour créer de nouveaux emplois et faire rayonner la France et les Français dans le monde. L’étoile qui se meut dans le ciel, vous la voyez? C’est le satellite propulsé par la fusée Ariane, Oréole. C’est Anne-Aymone qui l’a baptisé. « Un grand oiseau blanc » (Marcel), c’est le Concorde qui relie Paris à New York en moins de 3 heures, lui répond le président. Attention, ça va faire du bruit, et du bruit jusqu’à Belfort, car c’est l’entreprise Alshtom qui va faire les buggys pour les prochains trains à grande vitesse. (…) Et cela, qu’est-ce que c’est? C’est un terminal de communication pour tous les Français : le Minitel. »
Bref, en bon polytechnicien (ingénieur) qu’il était, Valéry Giscard d'Estaing avait un penchant pour « le progrès technique au service d’une nouvelle société prospère, confiante, optimiste. » (Vers 55 minutes)
Impressionnée, la tablée est toutes derrière lui jusqu’à ce qu’il dise...
« Je suis content, content que des gens comme vous saisissent le sens de notre action. » (Vers les 55 min)
Il vient de créer un froid. « Qu’est-ce que vous voulez dire par des gens comme nous? » (Marcel) On est trop simple pour comprendre…
Il ne pourra pas justifier le passage à un nouveau paradigme, indispensable au début des délocalisations/relocalisations d’entreprises et à la nécessité d’une unité européenne pour rivaliser avec la puissance économique des États-Unis, par exemple. Cela lui sera fatal. Pourtant, sa vision du progrès préfigurait de ce qui venait : la mondialisation (2) et le traité de Maastricht, qui créera l’Union européenne en 1992 (3) sous François Mitterrand.
Pour convaincre les électeurs, cependant, il faut savoir les intégrer dans ces mouvements plutôt que de les tenir à l’écart comme s’ils ne pouvaient pas comprendre. Ça ne prend pas un plan d’ingénierie, mais bien un plan de communication ou de marketing pour vendre l’idée du changement. Mais, Giscard D’Estaing n’était pas un vendeur, mais un polytechnicien.
Intermède du Trou normand : Le cœur des femmes ou les moyens d’être heureuse (vers 57 min)
Marie-France dit qu’elle veut faire quelque chose de sa vie. Mais, quand on lui demande quoi, elle n’en sait rien.
Alors, pourquoi pas un deuxième enfant ? Et, pourquoi pas un salaire pour que les femmes restent à la maison? dit madame la présidente.
Mais, pourquoi Michel ne ferait-il pas l’homme au foyer? Moi, je trouverais un emploi qui me conviendrait mieux. Conservatrice, madame la présidente n’est pas d’accord, mais admet que ce serait une révolution malgré son inconfort face à cette tournure imprévue de la discussion. Elle se laisse même emporter par ce courant, qui est révolutionnaire pour elle, et chante alors (vers 1h03) « Moi, si j’étais un homme, je serai capitaine » de la chanteuse d’origine québécoise Diane Tell.
On a naturellement droit au discours de Giscard d’Estaing du 31 décembre 1977 à la télé, ce qui nous place au 1er janvier 1978. Germaine présente alors un plat qui vient de la mer : le filet de bar au champagne (4). Mais, il a rétréci; qu’il a rétréci, comme le pouvoir d’achat des Français !
« Alors ça, ce n’est pas banal. On n’a jamais vu un poisson rétrécir comme ça ! »
...
Le Président : « Vous savez Germaine, less is more. » (Vers 1h07)
Et, ensuite, le petit José Corini présente « le second plat de résistance, où l’on verra comment le président propose une solution de rigueur. »
On vient d’entrer dans l’ère des rationalisations économiques ! Mais, rationalisation pour les autres, pas pour l’État comme le montre cette fable. En effet, comme le président a divisé le poisson en six parts égales au lieu de sept, il faudra alors en remettre au président. Anne-Aymone dira d’ailleurs que « vous n’avez rien dans l’assiette Valéry. » Ainsi, « chacun d’entre vous va devoir lui redonner un morceau de son poisson ! » expliquera-t-elle alors. (Vers 1h08) Ce sera le mécontentement général , le président et Anne-Aymone en ayant eu plus que tous les autres à la fin. Marcel, dira alors que, quand j’ai faim, je ne suis plus le même et il chantera « Alexandrie Alexandra » de Claude François. (vers 1h11)
Marcel reviendra ensuite à la charge en disant que le président « va donner tout notre poisson aux Allemands ». (vers 1h14) Et, le Président et son épouse expliquent alors qu’il faut partager le poisson avec les Allemands, construire l’Europe, laisser fixer le juste prix par les entreprises. Bref, on s’ouvre ainsi au concept du libre marché qui devrait contribuer au bienêtre de tous. Mais, ce sont les entreprises qui auront le gros bout du bâton dans ce système dérégularisé, certainement pas les petits ouvriers et encore moins les laissés pour compte du système.
Acte 4 : Le fromage, chaos dans la civilisation, où l’on verra comment les conflits de mœurs s’additionnent aux conflits économiques (vers 1h18)
Réorganiser, telle sera l’affaire du gouvernement en 1979. Mais, tout ce qui change agace les conservateurs. Le côté progressiste de Valéry Giscard d’Estaing les agacera donc davantage, car, rappelons-le, il se disait progressiste-conservateur. Deux mots « qui ne vont parfois pas très bien ensemble » ! (5)
Et là, vlan ! Le chaos rebondit dans la cuisine. Marie-Josée dit qu’elle ne veut plus de deuxième enfant. (Vers 1h23 de la pièce) Alors, le père lui dit « tu ne vas pas faire comme toutes ces trainées », allusion à l’IVG (Interruption Volontaire de Grossesse), car cette loi ne passe pas pour les conservateurs purs et durs, représenté ici par Marcel. La scission est donc faite entre les conservateurs purs et durs et ce progressiste-conservateur. Anne-Aymone, pour appuyer son mari, dira que même l’Ange Gabriel a demandé son avis à la vierge Marie. Et, Marie-France, de répondre qu’elle s’est bien fait baiser Marie ! (Vers 1h24)
Le Président arrive avec des variétés de fromage, représentant la plus grande liberté de choix que nous offre l’ouverture des marchés et des idées selon sa conception du libéralisme, mais, pour Marcel, un conservateur au sens classique du terme, le Président a tout bousillé au nom de la liberté ! (Vers 1h26 de la pièce) Si on ne le réalisait pas à l’époque, on le comprend mieux maintenant : on est passé du libéralisme classique, où l’État pouvait intervenir, au néolibéralisme, ce qui a signifié le retrait de l’État des sphères économiques et un laisser-faire aux entreprises - qui soi-disant s’autoréguleront - pour leur plus grand profit. C’était le premier jalon vers le libertarianisme (6) qui se voit maintenant dépassé par le trumpisme sur sa droite (7).
Face au conservatisme de son père, Mari-France sautera sa coche et dira « on a le droit de disposer de notre corps » (vers 1h26). Et elle revient sur le temps de ses études (non terminée) à Paris en 1968. Elle dira d’ailleurs d’elle-même que « Marie France s’en est bien servie des petits bourgeois et je peux dire que je me suis bien fait plaisir » à cette époque de la libération sexuelle. Il faut alors voir son interprétation jouissive de « Ça plane pour moi » de Plastic Bertrand. (Vers 1h28 de la pièce)
Ici j’ouvre une parenthèse. Il est fascinant de voir comment on revient à un certain conservatisme religieux et moral depuis l’an 2000 ! On est passé de « Ni Dieu, ni maître » de Léo Ferré (8) à un retour du religieux sur la place publique d’une part (9) et, d’autre part, la pensée religieuse revient se confronter à l’éthique et à la science dans les gouvernements. Un glissement subtil, mais important. C’est difficile à voir, mais je peux quand même vous donner un exemple clair. Si l’on croit que Dieu refera une nouvelle terre ou que Jésus reviendra si l’on refait le grand Israël biblique, il n’y a alors aucun problème à ne pas s’occuper de l’environnement ou à soutenir indéfectiblement Israël dans ses guerres. C’est justement ce que font les républicains états-uniens pour soutenir les chrétiens fondamentalistes en retour de leurs votes. Mais, si l’on sait que cette terre, c’est la seule que l’on a, il est alors criminel de ne pas la protéger davantage. Là est toute la différence entre un gouvernement qui se base en large partie sur la science et l’éthique et un autre qui veut plaire aux groupes religieux qui composent la majorité de son électorat. Ceci met fin à cette parenthèse.
Pour en revenir à Marie-France, à la fin de cette interprétation de « Ça plane pour moi », elle passe le micro à Giscard d’Estaing, qui souhaite ses meilleurs vœux aux Français et aux Françaises pour 1980 (vers 1h29).
Mais, même si l’inflation continue, Giscard parle surtout du progrès social, car, pour lui, les choses sont parfois dissimulées aux yeux des gens. Il voit le progrès où d’autres vivent une crise. Alors, il persiste sur la même voie malgré les objections du peuple :
« Pour vous ce n’est pas la crise !
Boucassa et ses diamants.
Combien elle va me couter ton Europe ?
C’est la mort de la France
C’est quoi tes combines avec tes amis africains? » (La famille, vers 1h30)
Toutefois, Giscard ne semble pas vouloir s’arrêter et continue sur sa lancée. Il aurait peut-être dû s’adoucir et clarifier davantage ses propos, car cette crise ne concernait pas seulement la France :
« En 1980, la France a besoin de sérieux, de courage, d’adaptabilité, de générosité et d’unité de la part des Français. »
(...)
Giscard dit qu’on lui reproche son optimisme, mais ce n’est pas de l’optimisme; plutôt de la confiance dans un peuple que j’aime et que je respecte. Il n’y a que dans la modération que l’on puisse marier le cœur et la raison; l’audace et la mémoire; l’espérance et la lucidité. Il n’y a que dans la modération que l’on puisse véritablement gouverner. Alors, j’attends le dessert avec confiance... » Valéry Giscard d’Estaing (vers 1h32)
Le dessert sera une surprise de taille pour le destin d’Estaing, qui voudrait revenir dans un second mandat !
Acte 5 : Le dessert. 1981, où l’on verra comment la droite et la gauche s’unissent pour faire tomber le président (vers 1h34)
Giscard veut la fève de la galette des Rois… mais il n’en aura pas ! Puis, à 1h39 de la pièce, le petit José chante « Attention mesdames et messieurs », car les choses vont changer.
En 1981 François Mitterand sera alors élu Président de la République (51,7%) face à Valéry Giscard d’Estaing (48,3%) suite à une alliance entre la droite et la gauche pour le sortir de l'Élysée. Pour bien comprendre ce qui s’est passé, je vous conseille une autre pièce, que l'on retrouve aussi sur OPSIS, et qui explique très bien les mouvements qui ont été nécessaires pour faire passer François Mitterrand à la présidentielle de 1981 : Élysée. Nous en avons déjà parlé dans Societas Criticus. (10) Elle est éclairante sur les dessous de la politique et complémentaire à cette pièce et à celle sur Mitterand (11), toutes deux dans la série Huit rois (nos présidents). Ces trois pièces sont un trio gagnant à voir sur OPSIS !
Vraiment bon pour comprendre la France, la construction de l’Europe et les failles qui en ressortent actuellement. Mais, quand on voit les visées expansionnistes de la Chine, de la Russie et des États-Unis, une Europe qui se prendrait en main serait plus que nécessaire comme contrepoids à ces goinfres qui voudraient se partager et contrôler le monde. C’est qu’ils sont beaucoup plus dangereux que les Google, Apple, Facebook (Meta), Amazon et Microsoft dont on s’inquiète !
N’oublions pas que Donald Trump parle du Canada comme d’un futur État des États-Unis, d’acheter le Groenland et de reprendre le canal de Panama. Rien de moins. (12) Et, avant cela, il parlait d’imposer des tarifs de 25% sur le commerce interfrontalier entre le Canada et les États-Unis, deux partenaires de longue date, ce qui a fait dire à un chroniqueur du Globe and Mail « All of which leaves me with just one question: Can we join Europe? » (13)
Avec ce genre de pièce, je m’aperçois que je n’étais pas un enfant normal dans les années 1960-70, car je ne fais pas que comprendre cette pièce, mais j’ai même des souvenirs de cette période. Pourtant, je suis de Montréal et je n’ai jamais voyagé à l’extérieur du pays.
Cependant, à l’âge de 10 ans (1968), j’écoutais des émissions de radio et de télévision qui abordaient des sujets politiques et internationaux, comme la minute éditoriale de Solange Chaput-Rolland à CKAC, Pierre Nadeau et André Payette à Radio-Canada avec des émissions comme Format 30 et Format 60 à la télévision et Présent à l’écoute à la radio. Je lisais aussi l’Express (14) à la bibliothèque de mon école secondaire publique dans les années 1970 (Joseph-François-Perrault à Montréal), peut-être une revue qu’avait demandée un professeur à la bibliothèque de mon école secondaire, car ce genre de revue n’est pas courant dans les écoles à ce que j’ai vu plus tard. Mais, moi, j’en ai profité, si je peux le dire…
Notes
1. https://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_des_diamants
2. Mon mémoire de maîtrise porte justement sur cette question. Voir Handfield, Michel, 1988, La Division Internationale du Travail et les Nouvelles Formes d'Organisation du Travail: une nouvelle perspective, Montréal : Université de Montréal, 163 pages. Disponible en ligne à Bibliothèque et Archives Canada : https://epe.lac-bac.gc.ca/100/200/300/michel_handfield/division_internationale_travail/pdf/HandfieldMLaDITetlesNFOTunenouvelleperspective.pdf
3. https://www.vie-publique.fr/parole-dexpert/38655-grandes-dates-de-la-construction-europeenne-cee-ue
À voir aussi l’engagement de François Mitterrand en faveur du traité de Maastricht dans les archives de l’INA :
4. https://madame.lefigaro.fr/recettes/filet-de-bar-champagne-021212-307230
5. Si cette phrase évoque quelque chose pour vous, mais que vous ne parvenez pas à mettre le doigt dessus :
« Michelle, ma belle
Sont les mots qui vont très bien ensemble
Très bien ensemble » Michelle, de The Beatles
Source : https://www.google.com/search?q=paroles+Micehhe+Beatles&oq=paroles+Micehhe+Beatles
Pour le clip vidéo : https://youtu.be/T05jx2aA-1Q
6. https://fr.wikipedia.org/wiki/Libertarianisme
7. https://en.wikipedia.org/wiki/Trumpism
8. « Ni Dieu, Ni Maître » de Ferré sur YouTube : https://youtu.be/scySMDAVuTo?si=jSRYvUrAMgx9xziY
9. À ce sujet, il faut lire « La relance du religieux » de Louise-Maude Rioux Soucy
dans Le Devoir du 24 décembre 2024 :
https://www.ledevoir.com/opinion/editoriaux/827206/editorial-quart-siecle-relance-religieux
10. Michel Handfield, Élysée - théâtre OPSIS, Societas Criticus, Vol. 24-07 (2022) :
À BAC : https://epe.lac-bac.gc.ca/100/201/300/societas_criticus/pdf/index.html
À BAnQ : https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/61248
11. Michel Handfield, Génération Mitterrand sur Opsis, Societas Criticus, Vol 26-02 (2024) :
À BAC : https://epe.lac-bac.gc.ca/100/201/300/societas_criticus/pdf/index.html
À BAnQ : https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/61248
12. Je cite trois passages d’un texte du Globe and Mail à ce sujet :
« As Donald Trump marked Christmas less than a month before returning to the U.S. presidency, he spent much of the festive season repeatedly musing about annexing Canada, Greenland and the Panama Canal.
The exact aim of the U.S. president-elect’s repeated expansionist declarations on social media is not clear – whether they are trolling, tactical negotiating threats or a serious embrace of imperialist manifest destiny.
(…)
Roland Paris, a former foreign policy adviser to Prime Minister Justin Trudeau, said Mr. Trump’s talk does, however, appear to line up with his embrace of a bygone era in U.S. history: the president-elect has often praised the heavily protectionist economy of the late 1800s and early 1900s Gilded Age. His annexation ideation is similarly a throwback to long-ago U.S. dreams of continental territorial expansion. » (Adrian Morrow, What’s behind Donald Trump’s musings about absorbing other countries into the U.S.?, The Globe and Mail, 2024-12-28 : https://www.theglobeandmail.com/world/us-politics/article-whats-behind-donald-trumps-musings-about-absorbing-other-countries/)
13. Andrew Coyne, Canada is far from ready for the chaos coming our way, The Globe and Mail, November 13, 2024 :
14. L’Express, que l’on peut maintenant lire en ligne : https://www.lexpress.fr/
Hyperliens
Valéry Giscard d'Estaing :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Valéry_Giscard_d%27Estaing
Anne-Aymone Giscard d'Estaing :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Anne-Aymone_Giscard_d%27Estaing
Présidence de la République (1974-1981) :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Présidence_de_Valéry_Giscard_d%27Estaing
FNRI :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Fédération_nationale_des_républicains_indépendants
Parti républicain (France) :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Parti_républicain_(France)
Cricqueville-en-Bessin :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Cricqueville-en-Bessin
Mai 1968 :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Mai_68
Pau Bocuse :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Paul_Bocuse