Classique(s) au TNM
Classique(s) au TNM (https://tnm.qc.ca/)
D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, in Societas Criticus Vol. 27-02 : www.societascriticus.com
De Fanny Britt et Mani Soleymanlou
Mise en scène Mani Soleymanlou
Du 11 mars au 10 avril 2025
Création Orange Noyée, en coproduction avec le TNM et le Théâtre français du CNA.
En codiffusion avec Le Diamant.
2 h 00, sans entracte.
Ce classique dont vous êtes le héros.
Les classiques sont-ils condamnés à n’être que de somptueux tombeaux culturels dans lesquels on ensevelit les spectateurs sous le poids des siècles ? Faut-il les dynamiter pour que leurs éclats tranchent dans le vif du réel ? Tout d’abord, comment des pièces, des scènes, des personnages sont-ils devenus classiques ? « Un classique, aimait dire Gaston Miron, c’est un contemporain de tous les temps. » Alors, aujourd’hui, avec le climat qui se dérègle, la démocratie qui s’effrite, les guerres qui se déploient et l’obscène concentration des richesses, ne serait-on pas à un moment de l’Histoire où l’on a le devoir d’écrire des pièces à la hauteur des classiques du passé ?
Sur scène, les interprètes, sorte de monstre à huit têtes, questionnent leur propre rapport aux classiques et à ce qui est classique, à ce qui mérite d'appartenir à la culture générale. En convoquant tour à tour certaines grandes figures du théâtre et de l'histoire, mais aussi les dédales de la pensée intime et de la culture populaire, ils s’attaquent aux classiques pour comprendre les mystérieuses qualités qui leur permettent de traverser le temps, tout en ne cessant de s'interroger : quel classique notre époque est-elle en train d'écrire, au juste ?
L’autrice Fanny Britt et l’homme de théâtre Mani Soleymanlou, connu·es pour leurs créations aux enjeux très contemporains, ont décidé d’aller au bout de leur relation d’amour-haine avec les monuments historiques de la dramaturgie. Sachant que tous les comédiens et toutes les comédiennes rêvent de se confronter aux grands rôles du répertoire, ils n’ont eu aucune peine à rassembler une distribution dont le haut niveau donne le vertige !
Avec
Louise Cardinal
Martin Drainville
Kathleen Fortin
Julie Le Breton
Jean-Moïse Martin
Benoit McGinnis
Madeleine Sarr
Mani Soleymanlou
Musicien(ne)s :
Mélanie Bélair, violon
Nicolas Boulay, trompette (en alternance)
Rémi Cormier, trompette (en alternance)
Alexis Elina, piano
Annie Gadbois, violoncelle
Andy King, trompette (en alternance)
Commentaires de Michel Handfield, M.Sc. Sociologie (2025-03-22)
OUF ! C’est qu’il y a du contenu dans cette pièce. Du tragique, de l’humour, de la variété, de la réflexion philosophique, de la musique, du chant… Diogène le cynique y côtoie Shakespeare si je puis dire !
Une pièce qui fait réfléchir, les comédiens brisant le quatrième mur en s’adressant à nous comme si nous étions assis dans un salon devant eux. Parfois, j’aurais aimé que ça aille juste un cran plus loin et qu’on puisse interagir comme on le voit parfois dans certaines pièces expérimentales. Mais, j’avoue que c’eut été un peu difficile dans le cas de cette pièce, car il y a du texte et de la réflexion derrière. Par contre, une version adaptée à certaines petites salles ou pour des publics scolaires, comme au secondaire ou au cégep, pourrait devenir une expérience philosophique drôlement intéressante pour les étudiants.
On nous rappelle souvent ce proverbe africain : « Il faut tout un village pour élever un enfant. » (1) Dans le livre « Sur les petites routes de la démocratie », on y ajoute « [qu’]Il en va de même pour la véritable démocratie. » (2) Et, je dirais que c’est la même chose pour la culture : il faut toute une communauté pour la transmettre et cela doit aussi passer par des liens entre le monde de la culture et de l’éducation, non seulement par les parents ou la télévision, pour élargir les horizons de ceux qui suivent. Parfois, des adaptations de certaines pièces seraient les bienvenues pour jouer ce rôle. Cette pièce en est d’ailleurs une.
Notes
1. https://paalmtl.org/il-faut-tout-un-village-pour-elever-un-enfant/
2. Konaté, Moussa et coll., 1999, Sur les petites routes de la démocratie, Montréal: écosociété, p. 11.