Théâtre : Combat 1944-1945

 

Théâtre : Combat 1944-1945 (https://videos.opsistv.com/)


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, in Societas Criticus Vol. 27-04 : www.societascriticus.com


2017 / 1h30min / HD / Spectacle vivant


Le 21 aout 1944, en pleine insurrection parisienne, « Combat » paraît, après les années de résistance et de clandestinité. Avec Albert Camus, Pascal Pia et 5 autres de l'équipe du journal, nous allons vivre la Libération et l'année qui l'a suivie. Une France nouvelle est à reconstruire, mais laquelle ? L'autorité exceptionnelle du général de Gaulle n'efface pas les divisions héritées de la défaite et de la collaboration. Les combinaisons politiciennes et les intérêts reviennent inexorablement. Dans l'équipe, les discussions sont passionnées, mêlant professionnels, écrivains, étudiants. 70 ans après ce qu'ils ont vécu, ce que Camus a écrit et inspiré continue de tracer les voies exigeantes et - hélas - toujours actuelles d'une pratique de l'idéal.


Distribution :


Marie-Laure Girard (comédienne)

Aurélien Gouas (comédien)

Christophe Charrier (comédien)

Philippe Pierrard (comédien)

Jean-Hugues Courtassol (comédien)

Jean-Matthieu Hulin (comédien)

Luc Baboulene (comédien)

Clémence Carayol (metteuse en scène)


Réalisation : Sébastien Tézé


Genre : contemporain


Thèmes : Guerre, WWII Occupation Camus, résistance



Commentaires de Michel Handfield, M.Sc. sociologie (2025-06-14)


Début, lundi 21 aout 1944. Insurrection et combat dans Paris. On espère l’arrivée de Leclerc.


« La première sortie des journaux libre, c’est ça qui va faire bouger les Parisiens. » (1 min 45)


« Sortir le journal, c’est comme ça que tu libèreras Paris et ça fera plus de bruit que les grenades. » (2 min 04)


« … et l’éditorial de Camus. Il a commencé par la résistance. Les Français veulent en finir par la révolution. » (3 min 19)


Leclerc arrivera jeudi soir, le 24 aout :


« En aout 1944, son unité prend part à la bataille de Normandie, puis est la première unité à entrer dans Paris lors de la libération de la capitale », nous dit Wikipédia. (1) 


La libération de Paris aura pris quelques jours, soit du 19 au 25 aout 1944. (2) Nous sommes avec les gens de Combat (3) durant ces quelques jours, car la pièce commence dans cette période. Pour eux, sortir le journal est un moyen de libérer Paris. Ça se comprend, car c’est combattre la propagande (désinformation) allemande et des collabos qui sont avec le Pouvoir d’occupation.


Nous suivrons les gens de Combat jusqu’après la guerre et la formation du gouvernement. On verra donc toute cette période à travers leurs yeux, leurs discussions et leurs tiraillements idéologiques face à ce qui se passe, soit plusieurs groupes qui revendiquent le Pouvoir au nom du peuple !


« - Ça servit à quoi la libération?


- Pour toi, la libération, ça suffit à réparer les ponts et faire rouler les trains. Ah bien, tu as l’air d’oublier que c’est le foutoir; y’a des épurateurs partout qui règlent leurs comptes; que les comités de libération se prennent pour le gouvernement et que tes copains communistes sont armés. Alors, la priorité c’est que de Gaulle remette de l’ordre.


- (…) L’ordre des profiteurs… Ce qu’il nous faut, c’est la révolution. Et si on veut la révolution, il faut armer le peuple.


- (Albert Camus) Sauf que ç’a donné Staline. Et j’étais inscrit au PC avant la guerre à Alger moi aussi. Quand j’ai voulu parler de la misère des Arabes, on m’a dit de me taire. Je suis parti. » (14 min 07-14 min 54)


Et Albert de poursuivre : « Notre métier à Combat, c’est de donner aux mots leur vrai sens. Et c’est ça que j’appelle la morale en politique. Ce sera fatigant, il faudra s’occuper de tout. T’as la justice, l’économie, les conditions de travail, la règlementation des profits. Tout, et ne rien laisser passer. » (15 min 46-15 min 57)


Donc, une pièce à la fois historique, philosophique et exigeante, surtout qu’on peut comparer leurs idéaux pour la France à ce que l’on en voit aujourd’hui.


La realpolitik (4) et le capitalisme (voir le néolibéralisme) ont fait leur chemin depuis. Et, on en voit encore qui revendiquent le Pouvoir pour soi-disant le bien du peuple, mais qui protègent bien davantage leurs propres intérêts.


On pourrait citer bien des passages de cette pièce (2017) encore aujourd’hui, car les dialogues de Camus et de ses compagnons de Combat s’appliquent encore, surtout avec la montée de la droite – que ce soit aux États-Unis (Trump), dans certains pays européens et en Russie (Poutine); les résurgences des conflits antérieurs; le retour des déportations et des déplacements de populations (5); et le « statut de la presse : pas d’actionnaires qui pourraient tirer profit de ce qui s’écrit dans le journal » dit Camus. (29 min 19)


Plus d’une heure vingt de dialogues et de réflexions profondes qui nous éclairent encore aujourd’hui. Comme je pourrais continuer à en citer des pages et des pages, pour conclure, voici l’éditorial de Camus, que j’ai transcrit, comme Marianne, à mesure qu’il lui dictait :


« Faisons un peu d’autocritique. »


Le métier qui consiste à définir tous les jours en face de l’actualité les exigences du bon sens et de la simple honnêteté d’esprit ne va pas sans danger. À vouloir le mieux, on peut prendre l’attitude du juge, de l’instituteur ou du professeur de morale. De ce métier à la prétention ou à la sottise, il n’y a qu’un pas et nous espérons ne l’avoir pas franchi.


Nous avons le désir sincère de collaborer à l’œuvre commune par l’exercice de quelques règles de conscience dont il me semble que la politique n’a pas fait jusqu’ici un grand usage. Mais l’actualité est exigeante. Et la frontière qui sépare la morale du moralisme incertaine. Il arrive parfois par fatigue ou par sottises qu’on la franchisse.


Comment échapper à ce danger?


Par l’ironie. Mais nous ne sommes pas, hélas, dans une époque d’ironie. Nous sommes encore dans le temps de l’indignation. Nous sachons seulement garder, quoi qu’il arrive, le sens du relatif et tout sera sauvé.


La justice est à la fois une idée et la chaleur de l’âme. Sachons la prendre dans ce qu’elle a d’humain sans la transformer en cette terrible passion abstraite qui a mutilé tant d’hommes. » (32 min 30-35 min 32)



Notes


1. https://fr.wikipedia.org/wiki/Philippe_Leclerc_de_Hauteclocque


2. https://fr.wikipedia.org/wiki/Libération_de_Paris


3. https://fr.wikipedia.org/wiki/Combat_(journal)


4. https://fr.wikipedia.org/wiki/Realpolitik


5. Nous pensons ici à la chasse et à la déportation des immigrants par Donald Trump aux États-Unis – n’oublions pas que « La cour suprême [a] autoris[é] Trump à révoquer le statut légal de plus de 500 000 immigrants » (6) – et les attaques et déplacement de populations palestiniennes par l’État d’Israël dans les derniers mois.


6. Agence France-Presse, La Cour suprême autorise Trump à révoquer le statut légal de plus de 500 000 immigrants, ici.radio-canada.ca/nouvelle, 30 mai 2025 :

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2168663/cour-supreme-trump-statut-immigrants


Hyperliens


Combat (Paris. 1941) Combat (France). 14 années disponibles - 3267 numéros :

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb34501455d/date.item








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